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28 avril 1833 - Numéro 17
 
 

 



 
 
    
 

Nécrologie.

M. Prunot, chef d?atelier, l?un des fondateurs de l?Echo de la Fabrique, citoyen recommandable sous tous les rapports, est décédé le 21 avril dernier, âgé de 53 ans, à Lyon, quai Pierre-Scise, n° 114, par suite d?une fièvre ataxique. Il a été inhumé le lendemain au cimetière de Loyasse ; trois mille personnes environ ont suivi le convoi de cet honorable artisan.

M. Charnier, prud?homme chef d?atelier, a prononcé sur sa tombe le discours suivant :

« Celui dont nous déplorons en ce jour la mort prématurée, était mon ami. Je viens sur sa tombe exprimer mes sincères regrets, et les vôtres aussi, vous qui l?avez connu ! Il y a quelques années cette démarche de ma part, ce concours d?ouvriers aux funérailles d?un ouvrier, auraient paru ridicules. Grace aux progrès des lumières, à l?émancipation graduelle mais certaine des travailleurs, cela paraît tout naturel. Pourquoi n?honorerions-nous pas les vertus simples et modestes ! Pourquoi refuserions-nous à la cendre du prolétaire le tribut que l?orgueil apporte à celle de l?homme riche et puissant ?

Nul ne mérite mieux un souvenir que le citoyen que la mort vient de nous ravir.

Né d?une famille très pauvre ; il est devenu l?artisan de sa propre fortune, et lorsque la fortune se fut montrée favorable à ses travaux, [2.2]il sut ne pas rougir de la misère passée, ni s?enorgueillir de la richesse présente. Noble exemple que trop de parvenus oublient !

Laborieux et économe, sévère pour lui, indulgent pour les autres, il était aimé et respecté de chacun. Bienfaisant sans ostentation, le pauvre ne s?éloigna jamais de lui sans être soulagé ; ami de son pays, il porta son offrande à toutes les souscriptions, il figura dans toutes les réunions civiques. Pour tout dire en peu de mots, car ces mots sont le résumé de sa vie, il fut bon citoyen.

Je serai compris de vous, Messieurs, en ajoutant qu?il travailla à l?émancipation des prolétaires long-temps avant que le mot émancipation eût pénétré dans nos ateliers.

Adieu, mon ami ! reçois le prix de tes vertus. Tu nous laisses un exemple à suivre, celui de tes bonnes actions. Adieu ; repose en paix. »

Immédiatement après les nombreux assistans se sont séparés dans le plus grand ordre. Une collecte pour les veuves et blessés de novembre a été faite par MM. Souchet, Blanc, Ferrière et Berger. Elle a produit 71 fr. 15 c. A cette somme il faut ajouter 4 fr. 5 c. recueillis, et 2 fr. 50 c. reçus pour la même destination de 4 chefs d?atelier. Total, 77 f. 70 c. M. Souchet a été chargé de faire la répartition.

 

 

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