L'Echo de la Fabrique : 21 juillet 1833 - Numéro 29

Au Même.

Monsieur,

Attaqué dans mon honneur, plus encore que compromis dans mes intérêts, je viens réclamer de votre obligeance le soin de mettre un terme à une lâche calomnie.

Je suis accusé d?être cause de l?arrestation de M. Trillat. C?est un mensonge infâme. Je mets qui que ce soit au défi d?en administrer, non pas la preuve, mais le moindre indice. J?ai eu, il est vrai, des difficultés avec cet ouvrier, mais j?en appelle à lui-même, me croit-il capable d?une pareille noirceur ? Je compte assez sur sa loyauté pour m?en rapporter à son propre témoignage.

Rien de commun entre moi et les hommes de la police? Le sieur Trillat n?a pas même pu être signalé par des réponses émanées de moi, car je n?ai pas même, comme plusieurs de mes confrères, été appelé dans les bureaux du commissaire central.

J?espère que ce désaveu public suffira à lever tout soupçon sur ma conduite.

Agréez, etc.

Juillard,
Chef d?atelier, rue Masson.

Note du rédacteur. ? Nous ne saurions trop recommander aux ouvriers de se tenir en garde contre la calomnie ; c?est aussi une arme de la police, et la plus dangereuse. En semant des divisions entre les citoyens, on relâche, on détruit le faisceau qui les unit, et ils sont livrés sans résistance à l?arbitraire. Juillard nous est connu comme un bon citoyen, et nous n?hésitons pas à le dire, il est incapable de ce dont la malveillance l?accuse.

 

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