L'Echo de la Fabrique : 15 septembre 1833 - Numéro 37

Education industrielle des Ouvriers.
AU RÉDACTEUR.

Monsieur,

Dans une première lettre, intitulée les ouvriers de Glascow, j’ai fait sentir à la classe ouvrière une partie des améliorations que la culture des sciences industrielles apporterait à son sort, à sa position dans la société. Il me reste à faire connaître par quelle voie la régénération peut avoir lieu. Elle est déjà pressentie, c’est par l’instruction ; et l’enseignement primaire que l’on va établir dans toute la France pour les enfans et les adultes, ne réfléchira que bien peu sur les hommes faits, sur les jeunes gens occupés à des travaux manuels ; cependant les ouvriers de cette époque se distinguent par un sens droit, par l’intelligence des affaires, par l’ordre et la règle auxquels ils s’assujétissent dans les réunions où ils discutent leurs intérêts. Si cet esprit naturel était cultivé ou étayé de connaissances positives, que ne devrait-on pas attendre de cette classe d’industriels ?

J’en reviens encore aux ouvriers de Glascow. Ils seront le modèle que je prendrai pour donner aux ouvriers de Lyon le conseil et les moyens de cultiver leur esprit et leurs talens.

Les ouvriers écossais quittent certains jours l’ouvrage à une heure fixe, et se réunissent en grand nombre dans un local où un professeur fait la leçon sur un sujet convenable, et en général ces leçons sont constituées en un cours qui établit une instruction directe et suivie sur une science industrielle.

Les ouvriers étant bien pénétrés de l’utilité de ces cours, voici les moyens que je propose pour les rendre fructueux. Un grand nombre, par une cotisation légère pour chacun, peut faire une somme suffisante pour les honoraires d’un professeur qui se chargera d’une ou de plusieurs parties de l’enseignement.

M. N. Tissier, directeur de l’institution lyonnaise de commerce et des arts industriels, offre à cet effet le local de son école.

Les réunions auraient lieu le soir à huit heures, et les cours suivans, dont la durée pour chacun serait de quatre mois, seraient ainsi distribués :

M. Germain, professeur à l’enseignement mutuel, [4.2]donnera des leçons d’orthographe française deux fois la semaine, les lundis et mercredis.

D’arithmétique, 2 leçons, les mardis et vendredis.

De géométrie, deux fois, les jeudis et samedis.

M. N. Tissier, ex-professeur en chimie de l’Ecole de St-Pierre, professera la mécanique deux fois la semaine, les mercredis et vendredis.

Et la chimie, les mardis et jeudis.

Ces cours se renouvelleront trois fois l’année, et le prix sera pour tous de 3 fr. par mois, soit 12 fr. pour les 4 mois.

Le dimanche il sera établi, de neuf à onze heures du matin, un cours d’écriture élémentaire et perfectionnée, et de onze à une heure, un cours de dessin linéaire, et pour la figure et l’ornement.

Le prix de l’abonnement est pour les deux cours de 3 fr. par mois ; pour un des deux seulement, 2 fr.

Un cours d’histoire naturelle des choses utiles dans les arts industriels et économiques, aura également lieu le dimanche matin, à neuf heures, et durera 6 mois. Le prix en sera de 18 fr.

Ces classes s’ouvriront le octobre 1833, à l’institution lyonnaise de commerce et d’industrie. Les inscriptions se prennent au bureau, ouvert tous les jours de onze à deux heures, grande-rue des Feuillans, n° 6, au 3e.

tissier.

 

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