L'Echo de la Fabrique : 3 novembre 1833 - Numéro 44

 ARTICLE INTÉRESSANT.

bonne nouvelle ! grande nouvelle ! Réjouissez-vous, bons justiciables, le conseil vient d’entrer dans la voie des améliorations. Qui pourrait actuellement soutenir que les bons avis lui sont à charge, et que bon gré malgré il prétend rester dans l’éternel statu quo. Erreur d’une imagination tracassière, l’envie de bien faire ne lui manque pas ; l’occasion seule lui manque ; voyez plutôt.

[4.1]A peine l’Echo lui a-t-il rappelé une bonne coutume entre tant de mauvaises de l’ancien régime qu’il s’empresse d’aller en avant, preuve incontestable qu’il veut enfin marcher avec le siècle. Ecoutez ! Ecoutez ! Les traditions nous apprennent que nos bons aïeux maîtres-gardes1 se réunissaient une fois par an, bien plus souvent peut-être, pour réglementer les intérêts de la fabrique, entre l’appétissante salade et le modeste poulet. Fidèles à tout ce que leurs prédécesseurs ont fait de bien, nos prud’hommes se sont empressés de les imiter, et un superbe dîner les a réunis en famille jeudi dernier. On nous assure que l’accord le plus parfait a régné avant, pendant et après le repas ; tant mieux ; car il y a déjà bien assez de discorde sur cette terre maudite, sans qu’il soit besoin que les arbitres de ce monde se chicanent entr’eux ; la paix est si douce qu’on ne saurait faire trop de sacrifices pour la conserver.

Bref, tout s’est passé dans le plus grand ordre ; des toasts d’usage ont été portés, et on dit même qu’entre la poire et le fromage, il a été question d’une jurisprudence écrite dont on causerait de nouveau à la séance prochaine.

Quelques-uns prétendent que ce dîner avait pour but de fêter la bonne venue des trois derniers suppléans qui ont donné tant de peines à les décider. AVIS AUX AMATEURS.

(Communiqué.)

Notes de base de page numériques:

1. Rappelons que les règlements de la fabrique au XVIIIe siècle, notamment celui de 1744, validaient la domination des maîtres-gardes sur les maîtres-ouvriers. Ce règlement séparait en effet les fonctions de vente et celle de fabrication, les premières dépendant désormais du paiement d’une lourde taxe que ne pouvait payer les simples maîtres-ouvriers désormais coupés du marché de la soie

 

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