L'Echo de la Fabrique : 29 décembre 1833 - Numéro 52disciple de fourier. Il y a des événemens qui semblent providentiels. En même temps que l’esprit, ou, pour mieux dire, l’instinct de l’association commençait à se manifester, paraissait un homme auteur d’un traité d’association, qui enseigne les règles à suivre dans la combinaison des efforts individuels. Cet homme est M. FOURIER, dont le système vient d’être développé en plusieurs conférences publiques, par M. berbrugger, l’un de ses disciples. – Une idée qui ne pouvait manquer de frapper la population industrielle de notre ville, est celle qui consiste à faire cesser la lutte qui existe entre le maître et l’ouvrier depuis qu’il y a des maîtres et des ouvriers. – Dans l’organisation du Phalanstère, tous sont associés ; il n’y a là ni salariés, ni salarians ; ce sont des sociétaires se partageant leurs bénéfices en recueillant selon ce qu’ils ont donné en capital, en travail ou en talent. Nous regrettons de ne pouvoir parler avec quelque détail du système de répartition qui utilise l’égoïsme, la cupidité de l’individu, et en fait une garantie de son désir d’équité. On conçoit que dans l’hypothèse de la variété des travaux, un avare serait embarrassé s’il parvenait à se faire rétribuer outre mesure dans une fonction, car cela diminuerait nécessairement ce qu’il aurait à prétendre dans les autres branches d’industrie. – Le minimum, ou logement, subsistances et vêtemens, [4.2]avancé à tout membre de la Phalange, est une juste compensation de la privation des droits naturels que l’homme abandonne par le fait de son accession à un état social quelconque, mais dont il est nécessaire que cet état l’indemnise, que M. FOURIER indique pour rendre le travail attrayant, garantissant que cette avance ne sera pas perdue pour la société. – Dans un tel ordre de choses, il n’y a pas à craindre le chômage, par l’invention d’une machine, par une stagnation dans les affaires, le minimum est toujours à la disposition de l’individu ; et d’ailleurs dans un Phalanstère où les travaux de tout genre s’exécutent, et où chacun a le droit d’y prendre part, le travailleur ne tarderait pas à avoir, comme on dit, plusieurs cordes à son arc, et trouverait toujours une industrie pour remplacer celle qui viendrait à lui manquer. – L’éducation, donnée à tous les hommes en suivant l’ordre de développement de leurs facultés, cette initiation si prompte à l’industrie, cet acheminement de la pratique à la théorie, sont des pensées bien dignes d’occuper les hommes qui ont à cœur d’améliorer le sort de leurs semblables. M. berbrugger a terminé ses conférences en indiquant le point où l’esprit d’association était arrivé aujourd’hui, et a signalé le chemin qui lui restait à faire pour atteindre à l’association complète qui harmonise tous les intérêts et promet ces résultats merveilleux auxquels nous autres civilisés n’osons pas plus croire, habitués que nous le sommes au mal, que l’indigent à qui on annoncerait, dans le fort de sa misère, qu’il vient de lui échoir une succession de plusieurs millions. – L’échelle d’association donnée par M. Berbrugger nous a paru de nature à intéresser directement et immédiatement la classe ouvrière ; et nous nous efforcerions de la rappeler ici, si le jeune disciple de M. FOURIER n’avait pas promis d’en faire une publication spéciale adressée aux ouvriers de France, et nous ajouterons, de tous pays. |