L'Echo de la Fabrique : 12 janvier 1834 - Numéro 54

A l?Echo des Travailleurs.

Nous avons lu dans l?Echo des Travailleurs et en regard des pièces que nous publions ci-après, une longue narration du fait qui a mis MM. Bernard, gérant de notre journal, et Martinon, chef d?atelier, dans la nécessité de demander au gérant de ce journal réparation d?une calomnie qu?aujourd?hui nous appellerons encore infame et atroce, et nous déclarons en même temps exact, d?un bout à l?autre, le récit que nous avions dû faire des deux entrevues que nous avons eues avec messieurs de l?Echo des Travailleurs, à qui il plaît aujourd?hui de l?appeler insolent, quand nous le leur avions lu tout entier et séance tenante, sans qu?il fût alors le sujet D?AUCUNE RÉCLAMATION de leur part?

A Dieu ne plaise que nous poursuivions avec l?Echo des Travailleurs une polémique aujourd?hui commencée, et qui finira AUJOURD?HUI !

A Dieu ne plaise que nous soyons forcés, nous, de demander grâce à nos lecteurs pour d?interminables discussions exploitées et subies par la presse journaliste ! Nous avons la conscience de nos devoirs, et nous les remplirons demain comme nous l?avons fait hier : ? mais s?il nous fallait pour satisfaire à d?ignobles passions, tremper notre plume dans la boue, la jeter sur le papier et [5.1]placarder les murailles d?un grossier pamphlet, sur nous tomberait alors l?anathème du peuple, et nous l?aurions bien mérité?

Maintenant abordons le point essentiel du narré de l?Echo des Travailleurs, la conduite de MM. Bernard et Martinon aux trois journées de novembre :

« A cette époque ils n?étaient pas, dit ce journal, dans les rangs des ouvriers insurgés, ils étaient dans ceux de l?ordre public, suivant l?expression convenue. Le premier se constitue le gardien, le protecteur du général Ordonneau, retenu prisonnier par les ouvriers ; il contribue à son évasion, il l?a facilitée de tout son pouvoir. Le second prétend avoir rendu de grands services, et préserve la recette générale du tout attentat de la part des ouvriers ; il s?en est fait délivrer un certificat qu?il a fait insérer dans tous les journaux, et que nous avons, nous (c?est notre opinion), regardé comme une insulte gratuite aux ouvriers. Voila quelle a été leur conduite ; nous sommes historiens fidèles. Dans le cas contraire, qu?on nous démente. »

Dans les rangs des ouvriers insurgés, comme dans ceux de l?ordre public, c?étaient partout des citoyens, partout des frères ! Et encore une fois, ANATHÈME et malheur aux artisans de guerres civiles, et honte éternelle à tous ceux qui en portent le déplorable souvenir !? Honte éternelle à qui provoquèrent ces tristes et sanglantes journées ! mais honte aussi pour ceux qui, armés d?insinuations perfides, viennent à nous décorés d?un drapeau que nous repoussons comme un affront au peuple ouvrier !

Que celui d?entre les travailleurs de notre cité (que nous estimons un peu mieux que ne le font messieurs de l?Echo des Travailleurs), que celui-là s?avance ! et, blâmant l?un d?avoir protégé le général Ordonneau et facilité son évasion ; dans l?autre, d?avoir préservé la recette générale de tout attentat, non pas de la part des ouvriers qui faisaient, eux, bonne et prompte justice, mais bien de la part de cette nuée d?hommes à face plus que suspecte, qui s?étaient jetés au milieu d?euxi ; que, celui-là, disons-nous, s?avance et jette la première pierre? (Ce ne sera certainement pas sur nous : et voilà quelle est aussi notre opinion.)

« MM. Bernard et Martinon, dit encore l?echo des travailleurs, ont-ils sollicité la croix-d?honneur ? Personnellement, nous n?en savons rien, mais on nous l?a dit, et même plusieurs personnes. Mieux encore, on nous l?a écrit. »

Sans répondre à cette question que nous payons du plus profond mépris, nous passons à la dernière proposition qui contient un mensonge dont la preuve est entre nos mains : la lettre sur laquelle on s?appuie n?attaquait que l?un de ces deux citoyens. L?auteur de cette lettre a été désavoué par les siens, puis chassé ; ? l?autre auteur de la note qui avait jeté quatre pères de famille armés sur le terrain, désavoué aussi par MM. legras et falconnet au nom de leur journal, l?Echo des Travailleurs. ?Maintenant on comprendra (c?est aussi notre opinion) pourquoi MM. Bernard et Martinon les laissent jouir en paix du fruit de leurs calomnies?

Notes de fin littérales:

i. Il y avait alors dans le sein de la ville de LyonLyon environ 1,200 forçats libérés (renseignemens que nous tenons d?un employé de l?Hôtel-de-Villel?Hôtel-de-Ville) ; ceux là n?étaient pas des ouvriers !

 

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