L'Echo de la Fabrique : 19 janvier 1834 - Numéro 55

 

Au Gérant.

Lyon, 14 janvier 1834.

Monsieur,

Veuillez insérer dans votre estimable journal la note suivante :

Il est de mon devoir de démasquer certains charlatans [4.1]qui n’ont de mécanicien que le nom, et qui, par des promesses qu’ils ne tiennent pas, cherchent à surprendre la confiance des acheteurs. Je veux parler ici du sieur Dazon, soi-disant mécanicien, mais tout simplement serrurier et fondeur.

Voici le fait : M. Dubois, marchand de métiers, me livra, il y a à peu près un mois et demi, une mécanique en 750, sortie des ateliers dudit serrurier-fondeur. Elle me fut garantie ; mais, à peine fut-elle garnie, que je m’aperçus qu’elle ne pouvait pas travailler sans réparations. M. Dazon se rendit à la maison, et, après l’avoir examinée, déclara qu’elle ne pouvait se ranger que dans son atelier, et l’emporta. Lorsqu’elle me fut rendue, M. Dazon m’en assura de nouveau la garantie, ajoutant que je n’aurais désormais à faire qu’à lui seul en cas d’un nouveau dérangement. Je le crus et montai mon métier. Mais la mécanique n’a jamais pu travailler. L’ouvrier du sieur Dazon a fait au moins dix courses pour venir la ranger, et il a fini par déclarer qu’elle était irréparable, et qu’il fallait qu’elle soit entièrement démontée. On m’en a donc fourni une autre après neuf jours d’attente. Enfin, depuis le 11 décembre jusqu’au 6 janvier, mon métier a rendu pour 30 fr. de façon (métier de corps plein à 55 c. le mille) ; et lorsque j’ai réclamé au faiseur de prospectus, de vouloir bien réaliser ses promesses, il m’a payé sur-le-champ… en injures.

Agréez, etc.

A. noyer.

P. S. Afin de ne pas m’écarter de la vérité, j’ajouterai qu’après avoir reçu un billet pour comparaître par devant les prud’hommes, le sieur Dazon me fit offrir 30 fr. ; je répondis à cela que les journées d’un chef d’atelier ne se payaient pas comme celles d’un lanceur.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique