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9 février 1834 - Numéro 58
 
 

 



 
 
    
 

Nouvelles Diverses.

Nous avons reçu d?un nommé d?richard, se disant dessinateur et domicilié à la Croix-Rousse, une lettre pleine d?assertions injurieuses dirigées contre un membre du comité central de l?association des DROITS DE L?HOMME. ? Nous connaissons particulièrement la personne dont parle cette lettre, et nous savons le cas que nous devons faire des assertions qu?elle contient. ? Mais, les informations que nous avons prises sur le compte de M. d?richard, que nous ne connaissons pas, [8.1]nous ont mis dans le cas d?apprendre qu?il est domicilié partout, c?est-à-dire nulle part, et qu?il a été repoussé de l?association des Droits de l?Homme, gravement soupçonné d?appartenir à la police secrète. ? S?il y a erreur dans cette accusation (ce dont on nous permettra de douter), c?est un malheur pour lui, et il ne parviendra guère à le repousser par des épîtres du genre de celle que nous avons entre les mains. ? Enfin nous aurions gardé silence sur la réception de cette lettre, si nous n?avions cru de notre devoir d?en donner connaissance à nos amis de la Société des Droits de l?Homme, afin qu?ils puissent en tirer tel fruit qu?ils jugeront convenable.

Depuis quelques jours, une protestation contre le projet de loi sur les crieurs d?écrits publics se couvre de nombreuses signatures ; les journaux républicains, le Précurseur et la Glaneuse, en ont déjà publié un très grand nombre ; et nous avons remarqué que celles produites dans l?un ne sont plus les mêmes dans l?autre (ce que beaucoup de personnes pourraient croire), fait grave par cela même, et qui donne une importance très grande à cette protestation. En un mot, c?est le peuple intelligent qui a compris la tendance de ce projet, et qui veut respect pour sa presse ; car, grâce aux entraves qui entourent l?autre, elle est beaucoup trop chère pour lui, et sa bourse ne peut l?atteindre. ? Nous verrons ce qu?il adviendra.

poursuite contre m. cabet.
La commission pour examiner la demande en autorisation de poursuivre M. Cabet, se compose de MM. Joseph Perrier, Fruchard, Petit, Pataille, Levrault, Nogaret, Fulchiron, Pavée de Vaudeuvre, et Bidault1. Tous ces députés appartiennent à la phalange la plus dévouée au ministère. On assure que M. Cabet en est enchanté.

Le député, appelé par la commission, a paru devant elle mercredi. Ses explications n?ont pas été longues.

« Vous ferez ce que vous voudrez, a-t-il dit ; je n?ai rien à vous demander. On vient de tuer Dulong? Qu?on m?attaque !Je me défendrai !
(Populaire).

Une loi, rendue l?an passé, accorde des pensions aux restes des vainqueurs de la Bastille. Mais, de son autorité privée, le ministre de la guerre a refusé de comprendre dans les états de pension les gardes-françaises qui ont pris part au 14 juillet 1789, par la raison, assure-t-on, que ces militaires, en prenant parti pour le peuple, ont manqué à leur devoir de soldats. On ajoute que l?arrêt qui prononce cette exclusion a été signé le 27 juillet 1833.
(Le Temps).

L?Ecole de la Flèche vient d?avoir sa petite émeute et sa petite révolution à huis-clos.

Quatre jeunes gens ont été renvoyés à leurs parens, et beaucoup d?autres exclusions vont suivre.

Pourquoi les a-t-on renvoyés ? Parce qu?ils ont refusé, eux et tous leurs camarades, de subir une punition qu?ils ont considérée comme infamante, et qu?on voulait infliger à une division tout entière, sans que la perspicacité des élèves ait pu découvrir un motif plausible à une pareille flétrissure. Il s?agissait, pour les élèves les plus avancés, pour des jeunes gens de 17 à 18 ans, de revêtir les habits de bure et de se donner ainsi en spectacle à leurs camarades et aux personnes de la ville.

Avec cette sagacité de jeune homme, qui devine souvent le vrai, ils attribuaient cet acte de justice turque à un parti pris de briser dans l?ame des élèves, appelés à fournir à l?armée une élite de sous-officiers, cette fierté française qui sied si bien, et que leurs pères, vieux officiers, leur ont léguée pour tout héritage.

[8.2]Parmi les élèves renvoyés, il s?en trouve deux qui sont l?un et l?autre fils de colonels de la vieille garde.
(Le Précurseur.)

Un douloureux spectacle était offert aux habitués du tribunal de police correctionnelle. La femme Meynie et ses deux enfans étaient assis sur le banc. Le petit Meynie a six ans et sa s?ur n?en a que cinq ; ces deux enfans ont mendié et leur mère est prévenue de les avoir excités à la mendicité.

La pauvre mère plaide elle-même sa cause, et la sévérité du tribunal ne peut résister à ces simples paroles :

« Je suis porteuse à la halle, mon mari m?a abandonnée depuis quatre ans et m?a laissée avec quatre enfans. Je gagne 15 à 20 sous par jour quand je travaille, et j?ai pour 12 sous de loyer. Je les envoie chanter sur les boulevards, on les arrête ; je les envoie vendre des épingles, on les arrête encore ; je n?ai donc plus de ressource que de prendre mes quatre enfans et d?aller me jeter à l?eau avec eux. »

Le tribunal renvoie toute la famille des fins de la plainte.
(Populaire.)

Notes (  Nouvelles Diverses. Nous avons reçu d?un...)
1. Principaux députés mentionnés ici : Joseph-Auguste Petit (1786-1852) ; Jean-Marie Fruchard (1786-1872) ; Alexandre-Simon Pataille (1781-1857) ; Jean-Baptiste Bidault (1791-1851) ; François-Benjamin Levrault (1771-1855) ; Pierre-Barthélemy Nogaret (1762-1841) ; Guillaume-Gabriel Vandeuvre (1779-1870) ; Frédéric Perrier (1775-1858).

 

 

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