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2 mars 1834 - Numéro 61
 
 

 



 
 
    
 

AU RÉDACTEUR,

Nous livrons la lettre suivante à la publicité avec d’autant plus d’empressement que nous savons que la presse est la meilleure sauvegarde des citoyens attaqués dans ce qu’ils ont de plus précieux, l’honneur ! Et s’il est vrai, ce que nous nous plaisons à croire, que les faits imputés à M. lyonnet soient faux, nous ne saurions que blâmer les hommes qui, dans l’intention peut-être sincère de nous servir, nuisent à notre cause en ne respectant pas tous les citoyens sans distinction aucune, et alors même que leurs opinions et leurs paroles en feraient des ennemis de notre cause.

Lyon, 24 février 1834.

Monsieur,

Victime du plus atroce mensonge, et voulant rétablir un fait qu’il m’importe, tant pour mes intérêts commerciaux que pour mon honneur, de rendre public, je vous prie de vouloir bien insérer la présente dans votre prochain N°.

Samedi dernier, le sieur Laplace, cabaretier place St-Georges, accompagné, du sieur Jomet, épicier et marchand de vin rue St-Georges, se présentèrent tous deux seulement dans mon domicile comme quêteurs pour les ouvriers nécessiteux. Je dus être d’autant plus surpris de cette visite inattendue, faite au nom du Mutuellisme, que j’avais entendu dire, ce jour-là même, qu’un projet semblable avait été repoussé par l’association ; je répondis donc à ces deux messieurs que je ne donnais rien, absolument rien ; ils se retirèrent et bientôt je ne pensai plus à eux. Quelle fut ma surprise ou plutôt mon indignation, lorsque le lendemain dimanche, j’appris qu’un rapport avait été fait contre moi et répandu dans toutes les loges mutuellistes du quartier que j’habite ; dans ce rapport, on m’accuse d’avoir vilipendé trois Messieurs (deux seulement sont venus chez moi), et de leur avoir dit que je ne donnais rien pour cette canaille (parlant des ouvriers).

Je déclare cette assertion fausse, et je donne un démenti formel aux infames imposteurs qui ont osé l’avancer ; je laisse aux lecteurs impartiaux, et surtout à ceux qui me connaissent, le soin d’apprécier la nature de cette inculpation, car, à moins d’être fou, il faudrait que je connusse bien peu mes intérêts pour insulter une classe d’ailleurs très respectable, qui me fait vivre, qui fait prospérer mon commerce, et à qui je dois tout ce que je possède. Dois-je me laisser ainsi calomnier sans me plaindre ? Verrai-je ma clientèle [6.1]fuir de ma maison sans pouvoir me justifier ? – La méchanceté de deux hommes intéressés à me nuire, l’un par état, et l’autre par malice, prévaudra-t-elle sur la vérité ? Non. Le machiavélisme dirigé contre moi sera dévoilé, mes calomniateurs reconnus et frappés du stigmate du mépris général ; car, j’en suis certain, Monsieur, vous me prêterez votre appui pour éclairer l’opinion publique sur ce fait.

Agréez, etc.

lyonnet, épicier,

Montée des Epies, n° 2, à Lyon.

 

 

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