L'Echo de la Fabrique : 16 mars 1834 - Numéro 63

Au Rédacteur.

St-Just, le 10 mars 1834.

Monsieur,

Votre journal ayant été créé pour fustiger par la publicité les nombreux abus qui écrasent de leur poids de fer les chefs d’atelier, je vous prie d’insérer la présente, afin que tous mes collègues se tiennent en garde contre une friponnerie qui, heureusement, a été sans succès. Voici le fait :

J’ai rendu à M. Joly un coupon peluche de 27 aunes 1/8, fabriqué de 19 à 20 fers, provenant d’un poil de peluche de 400 aunes. Croiriez-vous, M. le rédacteur, qu’il a eu l’inconcevable audace sans entrer préalablement en explication) de me refuser mon argent, alléguant que j’avais prélevé deux aunes sur le coupon ! et accompagnant son refus de menaces.

Indigné d’une imputation aussi infame, je lui portai une invitation pour paraître devant le conseil des prud’hommes, samedi 8 du courant. Le conseil, ne pouvant statuer, nous renvoya en arbitrage par devant MM. Brisson et Martinon, aujourd’hui 10 dudit mois ; lesquels, après avoir examiné attentivement la hauteur des fers et leur nombre dans la fabrication, ont débouté M. Joly de sa prétention rapace, et lui ont intimé l’ordre de me payer.

Voila, M. le rédacteur, des faits que je livre à votre méditation et à celle de tous mes collègues.

Eh quoi ! ne pouvant soumettre à leur gré la main-d’œuvre à une dépréciation successive, un négociant pousserait l’improbité jusqu’à mettre impunément en doute l’honneur des chefs d’atelier ! Si la propriété du travail n’est pas sacrée, que celle-ci au moins le soit.

Agréez, etc.

sabatier, Mutuelliste, Rue des Farges, n. 14.

 

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