L'Echo de la Fabrique : 6 avril 1834 - Numéro 66

Chansons de M. Lange Chiarini.

Quoi qu’en disent les moralistes, la chanson n’a pas encore perdu sa vogue, on chante encore en France, surtout depuis Béranger. Oui, nous aimons à nous reposer de l’ennui des discussions politiques en chantant quelques joyeux refrains, ou quelques odes à la patrie, à la liberté et à la gloire passée. La chanson, comme jadis, est encore un besoin des Français ; c’est en chantant que l’on fit la révolution de juillet, et la Marseillaise, courant les rues et les carrefours, enfantait des combattans. Aussi voyez, depuis les succès et la gloire de Béranger, que de chansonniers de toutes les couleurs ; et ce genre, si futile en apparence, laisse pourtant connaître bien peu de noms ; c’est que la chanson demande plus que de l’esprit, il lui faut de l’inspiration ; la chanson est l’ode moderne, chargée de gémir, de pleurer, de célébrer toutes les gloires, d’animer les repas en faisant pétiller le Champagne, de jeter aux cœurs aimans des vers d’amour et de bonheur, et parfois aussi de se faire grotesque, bouffonne, mordante, satirique, pour que chacun y puisse trouver ce qui convient à ses goûts et à son caractère.

Vous donc qui aimez encore à rire, qui n’avez pas abjuré l’ancienne gaîté, qui ne vous effrayez pas d’un langage un peu grivois ou des accens d’un vieux troupier, nous vous engageons à lire le nouveau recueil de M. lange. Il ne faut pas croire pourtant que M. Lange ne se borne qu’à chanter le vin, les fêtes ou les soldats ; non, sa lyre a des cordes aussi pour la patrie, et son cœur des vers pour pleurer nos malheurs et nos déceptions.

Il y a chez M. Lange une grande facilité de poésie, ses vers coulent de source ; on sent qu’il écrit sous l’inspiration du moment, qu’il s’abandonne entièrement à son caprice, et qu’il se laisse être gai ou sérieux, sans jamais se forcer.

Nous promettons un succès populaire à M. Lange, car c’est pour le peuple surtout qu’il a écrit, et le peuple manque rarement de reconnaissance pour ceux qui veulent bien parler son langage et se mettre à sa portée. D’ailleurs le nom et le talent de M. Lange comme [7.2]artiste assureraient le succès de son recueil s’il en était besoin ; mais ni l’un ni l’autre n’ont besoin de nos éloges pour avoir une excellente réputation.

(Voir les Annonces).

 

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