L'Echo de la Fabrique : 4 mai 1834 - Numéro 68

ANGLETERRE.

Le journal le temps rapporte, d’après un journal anglais, les détails suivans sur la procession des unions de Dorchester ou corporations d’ouvriers.

La démarche des unionistes avait pour but l’obtention de la grâce de six cultivateurs de Dorchester condamnés par les assises pour s’être liés à d’autres cultivateurs par un serment d’affiliation1 :

Grande réunion de Copenhagen-Fields du 21 avril. – Les unionistes de Dorchester.

Le True Sun2 qui publie le bulletin le plus détaillé des événemens de cette journée, classe de la manière qui suit les divers incidens de la journée, et de celles qui l’avaient précédée.

Vendredi, M. Owen s’est rendu auprès de lord Melbourne, et lui a annoncé l’objet de la grande réunion de ce jour, et il a demandé a sa seigneurie de donner des ordres à la police pour l’empêcher d’intervenir. Sa seigneurie a exprimé la surprise que lui causait la demande [4.2]qui lui était adressée, et elle a insisté sur la folie, le danger et le caractère impolitique de la démonstration, qui pouvait compromettre la paix de la métropole. Sa seigneurie a ensuite fait quelques questions générales sur le nombre des unionistes de Londres. Cette conférence préliminaire s’est terminée par l’expression de la désapprobation la plus explicite du projet par le ministre, qui a ajouté qu’il se guiderait d’après les circonstances pour les mesures qu’il croirait devoir adopter.

Entrevue entre une députation du comité central et lord Melbourne. – Outre la visite de M. Owen à lord Melbourne, le comité central avait jugé prudent d’envoyer auprès de sa seigneurie une députation régulière. lord Melbourne a reçu les députés avec sa courtoisie ordinaire. Les députés, après avoir dit à sa seigneurie l’objet de la procession de ce jour, lui ont demandé la protection de la police, afin que la tranquillité ne fût pas troublée : lord Melbourne a répondu que la police avait des instructions pour maintenir l’ordre en toutes circonstances, et que dans celle-ci sans doute elle ne manquerait pas à son devoir. Sa seigneurie a ajouté d’un ton emphatique : La police y sera. La députation a demandé si sa seigneurie enverrait un corps spécial de la police pour suivre le cortège afin de le protéger, attendu, a-t-elle déclaré, qu’il n’y a pas d’hommes plus dévoués à l’ordre public que les unionistes. lord Melbourne n’a pas adhéré à cette proposition. La députation ayant demandé à sa seigneurie à quelle heure il lui conviendrait de recevoir la pétition, sa seigneurie a dit que dans la soirée elle les en préviendrait par écrit. On sait par le bulletin que nous avons extrait du Courrier et du Globe que la réponse de lord Melbourne exprimait l’intention de n’admettre aucune députation qui serait suivie d’une nombreuse multitude dans le but d’intimider.

Instructions de la police. – La députation du comité central, avant de retourner à la salle des délibérations, s’est rendue à la station de la direction de la police dans Scotland-Yard, et a demandé le colonel Rowans, Il a été répondu que ni lui ni son collègue n’y étaient. Le surintendant et l’inspecteur, interrogés par la députation sur la nature des instructions de la police, ont répondu que leurs instructions générales étaient de protéger les obsèques et les autres processions du commerce.

Mesures de précaution du gouvernement. – Samedi soir, l’affiche suivante a été placardée par ordre du premier magistrat de Bow-Street, avec la sanction expresse du gouvernement : « Attendu qu’avis public nous a été donné qu’un grand nombre d’individus se proposent de se réunir lundi 21 avril dans l’intention d’accompagner processionnellement dans les rues de la métropole une députation qui doit présenter au secrétaire d’état une pétition au roi ; et attendu qu’une telle réunion et de telles démonstrations sont tout-à-fait inconvenantes, de nature à épouvanter les citoyens paisibles et bien disposés, et peuvent devenir dangereuses pour la paix publique et pour les individus qui s’y engagent, les magistrats des bureaux de police préviennent par les présentes toutes les classes des sujets de S. M. du danger auquel elles s’exposeraient en se joignant à de telles assemblées, en prenant part à de semblables démonstrations. Les magistrats enjoignent à tous les maîtres d’empêcher leurs apprentis, ouvriers et domestiques d’assister à cette réunion. Signé F.-A. Boe, [5.1]« premier magistrat. » Bureau public, Bow-Street, 10 avril 1834.

Mesures militaires. – Hier, 4 escadrons du 2e régiment des gardes du corps sont arrivés de Windsor à Kensington et ont été ensuite répartis en billets de logement à Hammersmith ; 4 autres escadrons stationnent dans le voisinage de Pemlico et de Chelsea. Hier soir, le commandant en chef a donné l’ordre à toute l’infanterie et à toute la cavalerie de la maison du roi de se tenir sous les armes et d’être dans leurs quartiers respectifs prêtes à marcher. Quatre brigades d’artillerie sont arrivées de Woolwich, chaque brigade ayant trois canons et un obusier : elles stationnent au quartier des gardes royaux à cheval (bleus), Regent’s-Park et Knight’s-Bridge. De nombreux détachemens, infanterie et cavalerie arrivés hier soir, ont été logés à quelques milles de Londres.

Préparatifs de la réunion. – A peine le jour avait paru que devant la métropole et dans toutes les rues principales on remarquait déjà un mouvement extraordinaire annonçant la réunion de Copenhagen-Fields, et les apprêts se faisaient de toutes parts par le cortège, qui de là devait se rendre à Westminster, comme escorte de cinq députés désignés pour porter la pétition en faveur des ouvriers de Dorchester à lord Melbourne, pour que sa seigneurie, en sa qualité ministérielle, voulût bien la soumettre au roi. On voyait des individus avec le ruban distinctif des unions dans presque toutes les rues dès six heures du matin, et ces frères se rendaient en toute hâte à leurs loges respectives. A sept heures notre correspondant, entrant dans Holborn, trouva une procession de huit hommes de front marchant au milieu de la rue, et s’étendant de Leather-Lane à Holburn-Hill, aussi loin que l’œil pouvait les suivre. En entrant dans Halson-Garden, il rencontre deux autres files semblables, marchant sur quatre hommes et l’autre sur cinq de front. Plus on se rapprochait du rendez-vous général et plus il devenait difficile de distinguer dans ces masses les diverses corporations. A l’entrée de Copenhagen-Fields, des corps compacts, marchant en files serrées, défilaient dans toutes les directions, se rendant toutes au point central qui conduisait à Copenhagen-House, le nouvel asile calédonien. C’était un magnifique coup-d’œil et un spectacle richement varié que celui de toutes les corporations dans cette marche régulière. L’affluence à l’asile calédonien était si considérable à huit heures, qu’il fut nécessaire de proclamer une halte afin de donner aux diverses corporations le temps de s’avancer le long de Ballebridge-Road pour former une chaîne continue jusqu’au pont. Le long de la route, sur Maiden-Lane-Bridge, s’avançait une autre corporation.

A 6 heures, une voiture a été envoyée de la Rotonde dans Black-Friara-Road, avec les bannières et insignes caractéristiques des corporations comme on en était convenu. Les bannières furent plantées dans un vaste espace qui est devant Copenhagen-House et qui avait été loué en grande partie pour les divers corps qui en arrivant devaient se ranger sous leurs bannières respectives.

Copenhagen-Fields, heures. – Maintenant tous les unionistes sont arrivés, ils viennent de se ranger dans un ordre admirable. Les bannières, portant les noms des divers métiers, ont été plantées à vingt pas de distance, sur des lignes parallèles, de chaque côté de la route conduisant de Copenhagen-House à Maiden-Lane. De une à dix-neuf les bannières sont placées de [5.2]manière à faire face à Londres et de vingt à vingt-cinq à Hamps-Strade. Les divers corps des métiers sont placés sur la ligne droite s’étendant le long de la campagne, dans la direction de la bannière. Les unionistes sont placés en rangs serrés six par six. On ne voit ni soldats ni agens de police jusqu’à présent. Tout nous retrace l’image d’un jour de fête de printemps ; les unionistes seuls ont le droit de se mettre dans les rangs ; ils ont une belle tenue.

Arrivée de trois mille tisserands. – Trois mille tisserands viennent d’arriver d’Hospital’s Fields, et ont pris les places qui leur avaient été assignées. On n’aperçoit ni agens ni soldats. Le comité est réuni dans ce moment pour délibérer sur le mode à suivre.

Communication de lord Melbourne. – On dit que lord Melbourne a écrit hier soir une seconde lettre au comité central, dans laquelle il annonce que si la procession s’approche des bureaux du ministère ou des administrations publiques, il ne recevra pas la pétition. On dit que le comité a décidé que la pétition ne serait remise à lord Melbourne par la députation qu’après que la procession aurait défilé devant White-Hall.

Copenhagen-Fields, neuf heures un quart. – Le char vient d’être amené, il a été salué par de vifs applaudissemens. Il a la forme d’un carré oblong, plus large et plus haut qu’en bas ; douze hommes le portent sur leurs épaules. Au haut du char on remarque des festons de calicot rouge et au centre du calicot bleu piqué. La pétition est soutenue par une forme en fer dont les extrémités sont circulaires et s’étendent au-delà du char à chaque extrémité. La pétition est disposée de telle sorte qu’elle dépasse le char. Elle est écrite sur parchemin et a deux pieds de large et trois pieds de long. Les signatures se trouvant sur des feuilles de papier de la même largeur. On évalue à 150,000 le nombre des individus présens ; nous croyons qu’il n’y en a que 100,000. Il y a peu de curieux, ce qu’il faut probablement attribuer aux avertissemens des magistrats.

Midi. La procession marche accompagnée d’une multitude immense. Jusqu’à présent il n’y a pas eu le moindre désordre. La pétition vient d’être déposée au ministère de l’intérieur, et la procession s’étend maintenant de la rue du Parlement jusqu’à la place d’où elle est partie. Nous devons faire remarquer que trois drapeaux tricolores ont été arborés sur une cabane attenant à Copenhagen-Fields. Le conseil exécutif avait demandé qu’ils fussent retirés de peur qu’il n’en résultât quelque désagrément pour les unionistes, mais sa demande a été rejetée. A midi moins un quart les portes des horses-guards ont été fermées.

Texte de la pétition.

Voici la pétition présentée au roi. – A S. M. le roi. Humble pétition des membres de l’union des Arts et Métiers de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. – Sire, les pétitionnaires regardent comme un devoir sacré pour eux, aussi bien que pour la postérité de V. M., de déclarer à V. M. le vif intérêt et la douleur profonde avec laquelle ils considèrent une sentence rendue dernièrement par une de vos cours de justice de Dorchester, contre six cultivateurs convaincus d’avoir prêté à d’autres cultivateurs un serment non autorisé par la loi, et qui, en conséquence, ont été condamnés à la déportation pour sept années. Les pétitionnaires regardant cette sentence comme cruelle et oppressive à la fois et la considérant comme une atteinte injustifiable [6.1]à l’humanité, supplient V. M. d’intervenir pour empêcher l’exécution. Les pétitionnaires prient aussi V. M. de vouloir bien ordonner une enquête sévère sur toutes les circonstances de cette affaire, que les pétitionnaires considèrent comme renfermant les conséquences les plus graves ; enfin ils prient V. M. de nommer aussi une commission spéciale pour rechercher les véritables causes de la détresse qui règne parmi la population ouvrière de l’empire de V. M., détresse qui, si elle n’était promptement arrêtée, amènerait les plus fâcheux résultats. Les pétitionnaires seront toujours les serviteurs de V. M.

– L’Albion, après avoir rapporté la conférence qui avait duré 25 minutes entre les membres de la députation des unions et M. Pillips, et avoir dit que la députation était descendue du ministère de l’intérieur rapportant la pétition, ajoute : « Avant le départ de la députation, une force nombreuse de la division A. de la police avait été conduite à la trésorerie par l’inspecteur Adamson, et placée dans une salle particulière. M. Owen, en descendant, interrogé par les rapporteurs, qui désiraient savoir le résultat de leur visite, a dit : Vous voyez que la pétition n’a pas été reçue, car la voici. M. Owen, pressé d’autres questions, a ajouté que comme représentans d’une si immense corporation d’hommes, il convenait aux députés d’être extrêmement discrets dans les réponses qu’ils feraient ; que du reste la réponse de lord Melbourne, que les députés n’avaient pas vu, mais qui leur avait été intimée par son ordre, était que sa seigneurie devait refuser la pétition. »

Serment. – Le même journal publie la formule suivante du serment exigé des unionistes :

« Moi, A. B., étant en la présence du Dieu, je déclare que je ferai tous mes efforts pour soutenir une fraternité connue sous le nom de Société amicale des fabricans et d’autres ouvriers, et je déclare et promets solennellement que je n’agirai jamais en opposition avec la fraternité dans tous leurs efforts pour soutenir les salaires, mais je ferai tous mes efforts pour les assister dans toutes les occasions légales, et les aider à obtenir un juste salaire de notre travail. Je prends Dieu à témoin de ma solennelle déclaration que ni espoir, ni craintes, ni récompenses, ni châtimens, ni la mort même, ne me porteront jamais, directement ou indirectement, à donner aucun éclaircissement sur ce qui se passe dans les loges, et je n’écrirai jamais sur papier, bois, sable ni pierre, rien de ce qui serait connu dans lesdites sociétés, sans y avoir été autorisé par qui de droit. Je ne consentirai jamais à ce qu’aucun argent appartenant à la société, et consacré au soutien du commerce, soit distrait de la destination qui lui est réservée par la société. Dieu m’entende et me soutienne dans l’engagement solennel que je contracte ici : si jamais je venais à l’enfreindre en tout ou en partie, que toute la société à laquelle je vais appartenir me repousse et me flétrisse tant que je vivrai, et puisse ce qui est maintenant devant mes yeux me plonger à jamais dans des abîmes de douleur et de misère ! Ainsi soit-il. »

Cette formule a de l’intérêt dans le moment où les unionistes se dessinent si ouvertement.

– Il y avait ce matin plusieurs membres du cabinet au bureau de l’intérieur, quand la pétition des unions de commerce y a été apportée. La députation s’est retirée, à leur demande, par l’escalier dérobé.

(Albion.)

[6.2]chambre des communes. Séance du 21 avril. – (par voie extraordinaire.) – A l’ouverture de la séance nous remarquons dans l’assemblée une vive agitation ; toutes les figures trahissent l’inquiétude, et de tous côtés se forment des groupes où l’on s’entretient de la démonstration extraordinaire que viennent de faire les unions. Le banc des ministres est désert.

M. roebuck exprime sa surprise que le ministre de l’intérieur, ou tout autre de ses collègues, ne soit à son poste pour donner à la chambre des renseignemens précis sur les scènes dont la capitale est en ce moment le théâtre, et pour leur faire part des mesures que le gouvernement est dans l’intention d’adopter.

Un honorable membre, M. Slaney, fait observer que dans le moment de crise actuel la place du secrétaire au département de l’intérieur est plutôt dans les bureaux de son ministère qu’à la chambre.

Cet incident n’a pas de suite, et le rapport ordinaire des pétitions commence ; mais la chambre, dans sa préoccupation, y prête peu d’attention.

Au bout d’une heure, lord Althorp entre dans la salle. Il est bientôt entouré d’une foule de membres qui paraissent l’interroger ; autant que nous en pouvons juger par ses gestes et sa contenance, le ministre fait entendre des paroles rassurantes. Le calme étant un peu rétabli, lord Althorp prend la parole pour développer sa motion relative à la réforme de l’église. Le plan proposé par le noble lord consiste à abolir complètement les taxes dites taxes de l’église, payées au clergé pour être employées à la réparation des églises, à l’entretien des fabriques, des sacristies, etc. Pour suppléer à ces divers services une somme de 250,000 liv. ster. (6,250,000 fr.) serait prélevée chaque année sur l’impôt foncier. L’orateur fait observer que ce projet n’aura nullement pour effet, comme on l’a prétendu, la spoliation de l’église, car les taxes qu’on se propose d’abolir ne se montent pas à plus de 245,000 liv. sterl., et d’après le nouvel engagement on en accorderait 250,000. Mais on aura obtenu un grand avantage, celui de compléter l’abolition de toute espèce de taxes ecclésiastiques, dont le moindre inconvénient est de forcer le clergé à descendre au rôle de collecteur vis-à-vis de ses ouailles, et de diminuer par conséquent le respect et l’attachement dont le ministère sacré a besoin d’être environné.

M. hume désapprouve le projet ministériel qui, dit-il, ne satisfera ni les dissidens ni les partisans de l’église établie. Il voudrait, qu’à l’exemple de ce qui s’est passé en France, toutes les propriétés ecclésiastiques fussent réunies à l’état, moyennant que ce dernier se chargerait de pourvoir aux besoins du clergé. (Exclamations et murmures.)

Son discours n’était pas terminé au départ du courrier.

P. S. Londres, six heures du soir. Les journaux ont dû vous donner des détails sur ce qu’ils savaient des scènes extraordinaires dont cette capitale a été aujourd’hui le théâtre, jusqu’au moment où ils ont mis sous presse ; voici à ce sujet quelques renseignemens qui nous sont parvenus ultérieurement. Les chefs des unions ont dans tout le cours de cette journée fait preuve de beaucoup d’habileté et de prudence.

Au moment où la procession est arrivée à Kennington-Common, sur un ordre des chefs, un cercle immense s’est formé sans aucun désordre : alors un orateur a pris la parole, et a déclaré qu’on n’avait pas encore reçu la réponse de lord Melbourne, mais qu’elle serait communiquée aux diverses loges dans la soirée ; en conséquence [7.1]il a invité les assistans à se séparer. Ceux-ci ont déféré sur-le-champ et sans nulle réclamation à son invitation, et toute cette foule s’est écoulée paisiblement. On aurait plutôt dit des gens sortant d’un prêche méthodiste, que des unionistes venant de faire une démonstration audacieuse et alarmante.

Sept heures. Jusqu’à ce moment la ville est tranquille. On a remarqué pendant tous les mouvemens aujourd’hui, que les unionistes paraissaient être divisés en cohortes, placées chacune sous la direction d’un chef qui recommandait incessamment à ceux qui marchaient derrière lui de s’abstenir de toute démonstration inquiétante pour l’ordre public. Sur ce point leurs ordres ont été scrupuleusement suivis, et la preuve, c’est que l’intervention de la force armée et de la police n’a été nécessaire sur aucun point. À l’instant où je vous écris, les unionistes sont rentrés dans leurs loges respectives ; on paraît craindre généralement qu’ils ne profitent de la nuit pour tenter un soulèvement populaire.

P. S. Les journaux anglais arrivés postérieurement annoncent que la procession des unionistes n’a été troublée par aucune scène fâcheuse, et qu’ils se sont séparés sans donner la moindre inquiétude pour la tranquillité publique, bien que leur démarche n’ait pas eu tout le succès qu’ils avaient espéré, le ministre ayant refusé de recevoir leur pétition.

Notes de base de page numériques:

1. Ces années marquent, en Grande-Bretagne, les réalisations du gouvernement Whig, du Reform Bill de 1832, au Factory Act et au Poor Law de 1833 et 1834. L’opinion de radicaux ou progressistes comme John Roebuck (1802-1879), Joseph Hume (1777-1855) ou Robert Slaney (1792-1862) avait accéléré les réformes d’un gouvernement dirigé par Earl Grey et où figuraient des hommes comme William Lamb (Lord Melbourne) 1779-1848, ou John Charles Spencer (Lord Althorp) (1782-1841). Mais le chartisme commençait à se développer, débordant et radicalisant l’esprit de réforme. Au début de l’année 1834, fédérant une partie des associations ouvrières anglaises, avait été créé le Grand National Consolidated Trade Union. En mars 1834, six agriculteurs du village de Tolpuddle allaient être durement condamnés par le pouvoir Whig pour avoir initié une association ; cette condamnation allait être l’occasion pour les différentes associations ouvrières d’une première vaste et générale marche de protestation. Au lendemain des massacres de Vaise, L’Écho de la Fabrique reproduit ici la nouvelle sur plusieurs pages ; mais il faut noter que les ouvriers anglais suivaient également de près les évènements de Lyon depuis, au moins, la grève de février 1834.
2. Les deux journaux anglais mentionnés dans cet article sont probablement le Weekly True Sun, journal ouvrier lancé en 1833 et The Albion, créé à Londres en 1830.

 

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