L'Echo de la Fabrique : 2 novembre 1833 - Numéro 1De l’Echo de la Fabrique et de la Glaneuse1, A propos du Prospectus de l’Écho des Travailleurs. [1.2]Le prospectus de l’Écho des Travailleurs venait à peine de paraître que le gérant de l’Echo de la Fabrique a lancé contre lui une diatribe dont les hommes honnêtes ont rougi, et qui a été désavouée par nombre de ceux au nom desquels il a prétendu parler. Cette diatribe inqualifiable n’a pas même été soumise au comité de surveillance : elle n’aurait pas été approuvée. Malgré une sommation faite par exploit d’huissier, M. Bernard s’est refusé à insérer la réponse de M. Marius Chastaing. Ce dernier nous l’adresse, et nous en renvoyons l’insertion au prochain numéro pour ne pas trop surcharger celui-ci de débats personnels et, partant, fastidieux pour le plus grand nombre des lecteurs. Nous concevons jusqu’à un certain point la colère de M. Bernard en voyant surgir une entreprise rivale ; il aurait dû néanmoins la dissimuler sous des formes plus polies. Ce n’est pas M. Chastaing qui est cause de la division survenue parmi les actionnaires de l’Echo de la Fabrique ; nous n’avons pas besoin d’expliquer ici cette cause. Nous concevons aussi son refus d’insérer la réponse de M. Chastaing, quoique légalement parlant il y fût obligé ; elle révélait certains faits qu’il est bon de tenir secrets. Mais ce que nous ne concevons pas, c’est l’intervention de la Glaneuse dans cette polémique. Il peut bien convenir à cette feuille qu’un journal indépendant d’elle et de toute coterie ne s’élève pas pour concourir à la défense des droits du peuple ; mais aurait-elle dû employer le langage dont elle s’est servie pour nuire à ce journal naissant, et chercher à déconsidérer un écrivain courageux, qui a été utile, et dont le talent n’a pas été contesté par ses adversaires, qui ne peuvent être autres que des ennemis personnels qui revêtent le masque du patriotisme et abusent de leur influence pour soulever leurs amis contre lui… La Glaneuse a également refusé l’insertion de la défense de l’homme qu’elle a si odieusement attaqué. M. Chastaing ne se décourage pas et fera TOUT pour obtenir justice…, il l’obtiendra, et par toute espèce de voie. Nous aussi nous sommes solidaires ; nous regardons, comme faites à nous-mêmes, car elles réjaillissent sur nous, les injures qu’on lui adresse à défaut de bonnes raisons ; nous ne souffrirons pas qu’un citoyen qui s’est dévoué à notre cause soit opprimé… Pense-t-on que nous ayons moins de délicatesse que d’autres ? Et, puisque nous l’avons admis parmi nous, puisque nous l’avons choisi, c’est qu’il est pur, aussi pur que quel autre que ce soit dans les rangs de la Glaneuse et de l’Echo de la Fabrique : quiconque dit le [2.1]contraire en a menti. M. Chastaing a été calomnié, nous en sommes certains, parce que nous avons voulu savoir. Nous nous sommes donné la peine de nous informer, et nous connaissons d’ailleurs les motifs réels qui se sont cachés sous un motif apparent et déloyal et ont amené son remplacement à l’Echo de la Fabrique. Nous mettons tout le monde au défi d’articuler contre lui un seul fait dont il ne puisse se justifier à l’instant. Nous, principaux fondateurs de l’Echo de la Fabrique, nous approuvons tout ce que M. Chastaing a dit dans son prospectus. Ce prospectus nous a été soumis, nous l’avons lu : c’est notre chose propre. Nous approuvons aussi tout ce qu’il a dit dans sa lettre à M. Bernard. Ceux qui l’attaquent aujourd’hui ont partagé la même conviction que lui. Il en a la preuve écrite. Les lecteurs apprécieront ce débat scandaleux entre un homme et deux journaux, dont l’un lui doit la continuité de son existence, et dont l’autre a oublié, outre la sympathie politique qui les unissait, quelques services qu’il n’est jamais permis à celui qui les a reçus d’oublier. Pour les actionnaires de l’echo des travailleurs, Notes de base de page numériques:1 Le 22 août 1833, fraichement débarqués de la direction de L’Echo de la fabrique, Berger et Chastaing avaient fait insérer dans La Glaneuse une courte lettre expliquant que, trop libéraux, trop républicains, ils avaient été écartés pour des raisons politiques (La Glaneuse, numéro du 25 août 1833). Mais le 27 octobre 1833, au lendemain de la publication du prospectus de L’Echo des travailleurs, une autre explication du changement de direction à L’Echo de la fabrique allait être proposée. La Glaneuse expliquait alors que L’Echo de la fabrique demeurait bien alliée des républicains et que Chastaing avait été débarqué non pour des raisons politiques, mais en raison d’une escroquerie découverte par les actionnaires de L’Echo de la fabrique : « la voix publique ne se tait pas toujours ; elle fit entendre aux actionnaires de L’Echo, des paroles trop graves sur le compte de M. Chastaing, elle les rapporta trop souvent à leurs oreilles, pour qu’ils ne dussent pas chercher à s’éclairer. Ils le firent, et il est pour nous très fâcheux de le faire savoir, les résultats furent entièrement défavorables à l’homme accusé. – Les républicains l’ont tous compris ; il ne peut y avoir parmi eux, et surtout à leur tête, que des hommes purs, entièrement purs ; la grande majorité, nous pensons que nous pourrions dire la totalité des actionnaires de L’Echo, était composée de républicains ; ils dirent franchement à M. Chastaing, dans une assemblée générale, qu’ils approuvaient tous la manière dont il avait dirigé le journal, qu’ils le remerciaient bien sincèrement des peines qu’il s’était généreusement données ; mais qu’ils sentaient la nécessité de confier à un autre les fonctions qu’il remplissait dans leur administration. Un scrutin suivit cette déclaration ; elle fut très amplement confirmée par les votes » (La Glaneuse, numéro du 27 octobre 1833). |