L'Echo de la Fabrique : 22 janvier 1832 - Numéro 13

MAISON SPÉCIALE D'INDICATION POUR LA FABRIQUE D’ÉTOFFES DE SOIE1.

Dans une branche de commerce qui occupe 150,000 personnes de notre ville, un isolement complet existe entre les artisans et ceux qui les font travailler. La position sociale des uns et souvent le dénuement des autres, empêchent ce contact sans lequel il ne peut y avoir de prospérité pour l'industrie. Les chefs d'ateliers, les ouvriers éprouvent le même isolement entr’eux. De là naissent des embarras sans nombre lorsqu'il s'agit de monter de nouveaux articles ; de là des frais énormes qui souvent accablent le chef d'atelier, et qu'on éviterait, ou du moins qu'on épargnerait en partie, si chacun pouvait se tourner vers un centre commun.

Les avantages que produira la maison spéciale d'indication pour la fabrique d'étoffes de soie, sont incalculables : le chef d'atelier y trouvera les moyens de se procurer, soit des ouvriers, soit des apprentis, soit enfin tous les ustensiles, harnais et accessoires pour le montage des métiers suivant les divers articles ; il y trouvera aussi les moyens de se procurer de l'ouvrage sans aller au hazard frapper à la porte des magasins. Les ouvriers auront moins de crainte de rester [8.2]sans travail, parce que la maison d'indication étant le centre où aboutiront toutes les demandes d'ouvriers, ceux-ci sauront à qui s'adresser et ne végéteront plus en cherchant d'un atelier à l'autre un métier à prendre. C’est surtout dans les temps mauvais où la maison d'indication sera le plus utile, parce qu'alors il y a manque d'ouvrage, et par conséquent l'ouvrier est plus exposé au changement d'atelier.

Les négocians pourront se procurer plus facilement le nombre d'ouvriers nécesaires pour remplir les commissions. Ce que nous avançons a été éprouvé par quelques maisons de commerce auxquelles nous avons procuré sous deux jours le nombre d'ouvriers dont elles avaient besoin.

Ainsi, dans l'intérêt du commerce et de l'industrie, une maison spéciale d'indication pour la fabrique d'étoffes de soie, sera établie à dater de ce jour dans les bureaux du journal l’Echo de la Fabrique. On se chargera : 1°des demandes de métiers par MM. les négocians ; 2°du placement des ouvriers dans les divers ateliers et selon les articles ; 3°des demandes et du placement d'apprentis ; 4°de la vente des métiers, harnais et accessoires pour tous les genres de fabrication, et enfin de toutes les demandes en rapport avec la fabrique.

La feuille d'annonces de l’Echo facilitera, par la publication, cette entreprise éminemment utile. Comme ce journal n'a été créé que dans le but d'extirper tous les abus, et non par une spéculation de lucre, la maison d'indication sera créée par le même motif, et les personnes qui s'y adresseront ne seront point rebutées par les frais d’insertion ou de bureau qui sont extrêmement minimes.

La maison d'indication sera ouverte comme le bureau du journal, de 9 heures du matin à 5 heures du soir.

Notes de base de page numériques:

1 Le projet d’une maison centrale illustre l’initiative des chefs d’ateliers qui réclamaient alors une organisation plus rationnelle de la fabrique lyonnaise. Les journalistes de L’Echo insistaient parallèlement sur le laxisme, la paresse, le manque d’esprit d’entreprises et d’innovation, l’absence de plan d’ensemble chez certains des principaux négociants. Le même avis sera publié dans le numéro 18 (26 février), le numéro 30 (20 mai 1832) et le numéro 37 (8 juillet 1832) de L’Echo de la Fabrique.

 

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