Avis aux ouvriers tailleurs.
La société philantropique des ouvriers tailleurs de Lyon, fondée le 15 septembre dernier, vient d’arrêter en conseil qu’à dater du 1er janvier 1834, tout sociétaire qui aura rempli les conditions voulues par le réglement, recevra les secours pour maladie.
Malgré toutes les entraves que cette société a éprouvées et la désunion qu’on a cherché à glisser dans son sein, rien n’a pu décourager ses membres. L’ouvrier sentait depuis long-temps ses besoins ; il a compris que ce n’était que dans une société fondée sur des bases solides qu’il pouvait trouver un soulagement à ses maux. Soit qu’il voyage, qu’il soit inoccupé ou malade, l’association lui procure des appuis, des ressources ou des consolations.
Si les ouvriers des corps d’état qui ne vivent pas en compagnonage prenaient pour règle une semblable institution, leur position en serait sensiblement améliorée. Lorsqu’ils sont malades ou que l’ouvrage leur manque, ils ne se trouveraient pas dans la nécessité de faire des dettes qui deviennent souvent pour eux un fardeau accablant. Hommes de travail, n’en doutez pas, c’est parce que vous n’êtes pas sous notre bannière philantropique que l’on vous exploite si facilement ! Ralliez-vous à nous ; c’est par la force que lui prêtera cette assurance mutuelle, que l’ouvrier prendra une place dans la société, comme les maîtres et les négocians ont chacun pris la leur. Nous sommes aujourd’hui ouvriers, demain nous pouvons devenir maîtres : le seul moyen d’arriver pacifiquement à l’amélioration universelle, c’est l’association !… Réunis en société, les ouvriers s’instruisent, se moralisent et trouvent des conseils pour se perfectionner dans leur travail. Si l’un d’eux s’écarte de ses devoirs, ses frères et associés le privent de leur amitié, il perd les secours qui résultent de l’état de fraternité, et sa propre faute le rend malheureux. C’est donc tout à la fois, par sentiment et par intérêt, qu’ils tiennent tous à l’association lorsqu’ils l’ont formée.
– En résumé, l’ouvrier a senti que l’association est le meilleur des moyens qu’il ait en son pouvoir pour échapper à la misère et pour s’assurer un heureux avenir. Il y a vingt ans et plus, si les ouvriers se fussent associés, ils n’auraient pas aujourd’hui à lutter contre le malaise qui tourmente la classe industrielle ; loin de là, ils recueilleraient les fruits que leur auraient procurés pendant cet espace de temps, un travail assuré et le soutien qu’ils se seraient mutuellement donné. Ouvriers, qui vivez encore isolés, associez-vous donc !…