L'Echo de la Fabrique : 29 janvier 1832 - Numéro 14

NOUVELLES DIVERSES.

- Des prohibitions protègent les propriétaires fonciers contre l'introduction des blés étrangers. C'est là une législation évidemment désavantageuse aux consommateurs. La loi des céréales, qu'on a senti le besoin d'améliorer, a souvent porté le blé à 24 fr. l'hectolitre, tandis qu'il ne valait que 20 fr., et fait payer ainsi le pain deux liards de trop par livre à tous les pauvres de France.

Les bestiaux étrangers sont frappés d'un droit d'importation qui contribue à élever le prix des viandes. La même chose a lieu pour les tissus et pour une foule d'autres objets.

Les fers sont aussi frappés d'une taxe d'importation. Tous les travailleurs auxquels le fer est d'une haute utilité, les laboureurs, les voituriers, les manœuvres, les ouvriers de toute espèce, sont obligés de payer le fer sept ou huit sous la livre, tandis que le fer anglais ne leur coûterait que trois sous.

Il résulte de là que les propriétaires d'usines font des bénéfices énormes ; qu'ils peuvent acheter le bois dont ils font une immense consommation, à un prix très-élevé ; que le bois se vend très-cher dans les marchés, et que le chauffage devient à peu près impossible aux malheureux.

Il s'agit de savoir si les lois de douanes doivent être combinées dans l'intérêt exclusif des propriétaires de terres, d'usines et de bois, ou bien dans l'intérêt général ?

Enfin un dernier vœu qu'on doit former, et qui a déjà été émis dans cette feuille, c'est de voir s'établir dans toutes les provinces des banques sur le modèle de la banque de France, qui fonrniraient aux travailleurs des capitaux que ceux-ci pourraient faire fructifier en s'enrichissant.

Si les moyens que nous proposons étaient adoptés, il en résulterait une grande baisse dans le prix des objets de première nécessité ; les salaires pourraient supporter sans inconvénient la diminution dont les événemens les ont frappés, la production serait plus facile, notre industrie pourrait lutter avec celle de l'étranger.

Les propriétaires eux-mêmes finiraient par reconnaître les avantages de ce changement, car il ne peut rien être fait en faveur de l'industrie et de la consommation qui ne profite à la propriété.

Dans le cas où il deviendrait indispensable de dégrever les petits propriétaires fonciers, on aurait à examiner s'il convient de laisser libres d'impôts les richesses mobilières, les placemens sur obligations authentiques ou hypothécaires, et choses de luxe.

On aurait à examiner si la base de l'impôt doit être la quotité ou la progression, si, proportion gardée, 1,000 fr. d'impôt ne sont pas moins lourds pour celui qui possède 10,000 fr. de rente, que 100 fr. pour celui qui a seulement 1,000 fr. de revenu.
(Journal de la Nièvre.)

 

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