L'Echo de la Fabrique : 22 janvier 1834 - Numéro 24

rita la gitanei

[4.1]Avec ses pieds de gazelle,
Jeune et belle,
Une gitane fuyait.
Près du lac sur le rivage,
Son image
Dans l?eau toujours la suivait.

Sa chevelure d?ébène
Se promène
De sa tête à ses genoux ;
Et dans son ?il indocile,
Qui scintille,
Sont des regards andaloux.

Oh ! tout en elle est merveille !
Une abeille
Envierait à son beau corps,
Ses flancs que la bure touche,
A sa bouche,
Le miel qui coule à pleins bords !

Elle chantait, pauvre fille,
La mantille
Dont les cavaliers sont fous,
L?éventail, froid interprète,
Qui répète
Aux galans leur rendez-vous.

La vibrante mandoline
Qui s?incline,
Dans les mains d?un amoureux,
Et plus loin caché dans l?ombre,
Pâle et sombre,
Son rival près d?être heureux.

Et puis courait la folâtre,
Idolâtre
Du ciel bleu, du lac d?argent,
De la brise qui balance
En cadence
Les forêts au vert changeant.

Mais la voila qui s?arrête
Et, muette,
Tombe sur l?herbe du pré ;
Et son ?il noir où la crainte
Est empreinte,
Lance un regard effaré?

Qu?a donc Rita qui l?effraye ??
De l?orfraye
Est-ce le cri menaçant ??
Ou bien de la Tour mauditeii,
Vite, vite,
L?esprit fuit-il en dansant ?

Non. ? Le pied de l?imprudente
Qui court, chante,
Et vole, ainsi qu?un oiseau,
S?est égaré sur la queue
Jaune et bleue
D?un serpent fuyant dans l?eau.

justin la cour.

Notes de fin littérales:

i.  Bohémienne.
iiLa Tour mauresque de Madeloc ou du diablela tour de Madeloc, à l?extrémité orientale de la chaîne des PyrénéesPyrénées.

 

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