L'Echo de la Fabrique : 8 mars 1834 - Numéro 33

Sur la lettre du baron Charles Dupin
aux chefs d?atelier, composant l?association
des mutuellistes lyonnais.

Chaque homme a sa marotte : celle de M. le baron Charles Dupin est de se croire appelé à figurer en magister dans les débats des ouvriers ; comme si la question des salaires dus aux travailleurs avait quelque chose de compréhensible pour ce fonctionnaire, véritable type des cumulards ; comme si les souffrances de la classe prolétaire pouvaient trouver quelque sympathie sur les bancs où siégent monsieur le baron Dupin et ses monarchiques amis. M. Dupin vient de publier une lettre qu?il a la prétention d?adresser aux ouvriers mutuellistes lyonnais, et pour la leur faire parvenir, il a eu la bêtise (c?est le mot) d?en rendre dépositaire le Journal des Débats, et, par ricochet, le Courrier de Lyon. Est-ce que par hasard les ouvriers lisent ces deux journaux ? Comme un chef-d??uvre pareil ne saurait être trop connu, son collègue et ami, le maire de Lyon, celui-là même qui veut que les citoyens s?empoignent les uns les autres, l?a fait réimprimer [2.2]et crier dans les rues ; mais depuis que la loi Persili a attribué à la police le monopole de la presse des rues, le peuple n?achète plus rien des crieurs qui s?offrent à lui sous de tels auspices. Les ouvriers risquaient donc de n?en entendre jamais parler. C?eût été vraiment dommage. Heureusement le Précurseur a inséré cette brillante épître dans son numéro du 1er de ce mois, et il a eu soin, pour lui servir d?antidote, d?y joindre les réponses de deux mutuellistes, l?un de Paris et l?autre de Lyon. Nous y renvoyons nos lecteurs, curieux de tout lire ; mais en vérité cela n?en vaut pas la peine? Allons, monsieur le baron ; combien vous a-t-on payé ce plaidoyer en faveur de la monarchie contre la république, car de la question des ouvriers, vous n?en avez pas dit un mot, ou à peu près? Laissez donc là votre marotte, les ouvriers n?ont nul souci de vous et de vos ?uvres.

Notes de fin littérales:

i. Il est juste de donner à chacun ce qui lui revient. Nous proposons de désigner ainsi la loi contre les crieurs publics dont M. PersilPersil a été rapporteur.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique