L'Echo de la Fabrique : 9 octobre 1834 - Numéro 3

VIE DE FRANCKLIN.

Francklin naquit à Boston, en 1706. Son père, honnête artisan, était pauvre, et comptait autour de lui une nombreuse famille ; aussi fallût-il que Benjamin cherchât de bonne heure, dans son travail, des moyens d’existence.

Comme il manifestait déjà un goût prononcé pour la lecture et l’instruction, son père, homme de bon sens, chercha à concilier ce besoin et ces dispositions avec les travaux d’une profession utile, et le plaça chez son fils aîné, James Francklin, qui dirigeait une petite imprimerie. Benjamin répondit aux espérances paternelles, s’occupa avec zèle de son état et y devint fort habile.

Ses relations avec des libraires et des auteurs lui permirent dès-lors de satisfaire plus complètement sa passion dominante et d’acquérir de nouvelles connaissances. En même temps, songeant au fruit qu’il pourrait en retirer, il voulut parvenir lui-même à développer et à communiquer ses idées, avec ce talent d’écrire dont il appréciait tant le mérite et l’utilité. Au nombre des livres qu’il affectionnait le plus, se trouvait le Spectateur1, recueil de morceaux détachés sur la philosophie, la morale, les mœurs, ou les anecdotes de l’époque. Francklin choisissait un de ces morceaux, en faisait un court extrait, indiquant seulement le sens de chaque partie ; puis il mettait le livre de côté, et sans y regarder davantage, cherchait à recomposer le chapitre en s’aidant seulement de ses notes : le livre lui servait en dernier ressort à corriger son ouvrage. Les progrès qu’il dût à cette ingénieuse méthode furent rapides ; bientôt il envoya, sans se nommer, quelques articles à son frère, devenu éditeur d’un journal, et il eut le plaisir d’en entendre généralement l’éloge.

Francklin n’avait pas encore 21 ans, lorsqu’il quitta l’imprimerie de son frère et l’Amérique, pour se rendre à Londres. Simple ouvrier, d’abord, mais ouvrier laborieux, économe, continuant le travail si heureusement commencé de cette éducation qu’il ne devait qu’à lui-même, il acquit peu à peu les moyens de retourner dans sa patrie pour y fonder une imprimerie.

Arrivé à cet état indépendant, la plus belle récompense de son travail et de sa constance, il ne connut plus d’autre ambition que celle d’être utile à ses compatriotes. Les événemens politiques qui changèrent bientôt la face de l’Amérique du Nord, lui en fournirent de nombreuses occasions. Tour-à-tour député à l’assemblée de Pennsylvanie, membre du congrès envoyé en Angleterre et en France ; sa vie fut une suite non interrompue de services rendus à sa patrie et à l’humanité. Il mourut en 1740, et fut enterré à Philadelphie.

Notes de base de page numériques:

1 Le Spectator était le journal de Joseph Addison (1672-1719).

 

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