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9 novembre 1834 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    

Lyon, le 3 novembre 1834.

Monsieur le Rédacteur,

Dans un de vos derniers numéros, vous avez traité l’importante question de savoir si les fabricans gagnent à l’émigration des métiers hors de Lyon.

J’ai eu dernièrement la satisfaction d’apprendre dans une promenade aux montagnes du Lyonnais, que des offres ont été faites aux propriétaires de St-Symphorien (le Château) à l’effet de louer des bâtimens pour y placer des métiers de fabrique. Ces derniers ont eu la sagesse de prévoir les conséquences de l’installation d’une partie de notre fabrique chez eux, refusèrent ce bénéfice le considérant comme illusoire et éphémère attendu qu’ils contribueraient à dégoûter de l’agriculture la jeunesse du pays et ne tarderaient pas de subir une augmentation sur le prix des gages de leurs domestiques.

Si les propriétaires des autres lieux circonvoisins avaient eu la même prévoyance, ils n’éprouveraient pas autant de difficultés à faire valoir leurs fonds. Les chefs d’atelier de Lyon ne devraient-ils pas imiter la prévoyance des habitans de St-Symphorien en étant moins prodigues de confiance envers des apprentis sans caution solvable et souvent étranger, non-seulement à la ville, mais à la France. A une des grandes audiences du conseil des prud’hommes, le président donna cet utile avis à haute et intelligible voix, à peu près en ces termes :

« Messieurs les chefs d’atelier, vous ne sauriez prendre trop de mesures de sûreté en contractant avec des apprentis étrangers à la France, attendu que le consul de Sardaigne a déclaré ne pouvoir coopérer aux poursuites dirigées contre les apprentis qui quittaient furtivement leur atelier sans indemniser les maîtres [2.2]d’apprentissage, pour aller ensuite transporter notre industrie dans leur pays. »

Puisse cet avis être enfin propagé et compris, dans cette attente, j’ai l’honneur d’être,

Votre dévoué serviteur,
Ch.

 

 

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