L'Echo de la Fabrique : 30 novembre 1834 - Numéro 11

PROCÈS

A LA TRIBUNE PROLÉTAIRE.

[1.1]La nécessité, d’un organe spécial aux travailleurs étant généralement sentie, nous avons, dernièrement rétabli, sous le nom de Tribune prolétaire, l’ancien Echo de la Fabrique et l’Echo des Travailleurs qui l’avait remplacé en recueillant ses doctrines et sa rédaction. Ces journaux n’ont jamais été considérés comme politiques, et n’ont pas été soumis à un cautionnement. Le dépôt au parquet n’a été de leur part qu’un acte de courtoisie, nous avons dû croire qu’il nous serait permis de continuer un mode de rédaction qui n’avait encouru aucune poursuite pendant plus de deux ans. Nous pensions ne rien devoir à la tolérance du ministère public que nous ne saurions, en effet, comprendre, n’ayant rien fait pour la mériter ; mais tout à notre droit. Nous pensions que quelques phrases politiques, par exemple ne formaient pas un article politique lorsque l’intention du journaliste de se renfermer dans des questions d’industrie et de réforme sociale, était évidente. Nous pensions aussi que des faits accomplis entraient dans le domaine de l’histoire, et qu’il nous était permis de les enregistrer sans réflexions, sans appréciation. Nous avions fait tout cela dans les précédens journaux : notre droit de continuer ne nous a pas paru un instant douteux, et si nous sommes coupables c’est bien de la meilleure foi possible ; par sa longanimité le parquet est notre complice.

Quoi qu’il en soit, le Courrier de Lyon ayant attaqué notre journal, nous lui répondîmes, c’était bien notre droit ; il ne répliqua pas, mais immédiatement nos sept premiers Nos furent incriminés comme traitant sans cautionnement, de matières politiques. Notre gérant fut cité devant le tribunal de police correctionnelle, pour le 4 de ce mois. Le tribunal renvoya d’office, 1a cause à trois semaines ; dans l’intervalle, nos trois derniers Nos ont également été incriminés pour le même sujet. En l’audience de mercredi dernier, la jonction a été ordonnée ; M. Belloc, substitut du procureur du roi, a soutenu la prévention, et M. Jules Favre a plaidé, avec son talent accoutumé, la cause de l’industrie et de la presse, menacées l’une et l’autre dans cette guerre judiciaire. Le tribunal composé de MM. Delandine, président, Piégay, juge, et Boissieux, juge suppléant, a renvoyé à la huitaine pour la prononciation du jugement. Confians dans notre droit, dans l’impartialité et la sagesse du tribunal, nous attendons le jugement avec confiance. Nous publierons incessamment le plaidoyer de M. Favre.

 

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