L'Echo de la Fabrique : 7 décembre 1834 - Numéro 12

JE PUIS ENCORE CHANTER !1i

Nouveau Sylla, j’abdique la puissance ;
Je rentre au rang de simple citoyen.
Fier et content d’un an d’expérience,
Avec bonheur je me retrouve rien.
O Rheims ! ô ville enfoncée en l’ornière,
Bien de tes fils, parfois, m’ont fait pester :
Mais je n’ai pas terminé ma carrière ;
Sots et méchants, je puis encor chanter.

Le sceptre en main s’endormait mon génie,
A conseiller les peuples et les rois,
Plus de gaîté, plus de douce harmonie :
Je pâlissais sous le soleil rhémois :
Avec candeur ma muse aimante et fière,
Eu prose, hélas ! voulait tout régenter :
Mais etc.

Ville du sacre, ou de la Sainte-Ampoule
Les chers fragmens, attendent à l’abri,
Un roi chrétien, proclamé par la foule ;
Un Louis-Philippe, .… ou le fils de Berry ;
Ton nom fidèle éclate de lumière,
Car chaque prince, on te le voit fêter :
Mais, etc.

La liberté pourtant naît à la place
Où les prélats graissaient les fronts royaux ;
La femme pose avec force, avec grâce ;
L’égalité brille sur ses drapeaux.
[4.2]Ah ! nous verrons de l’ignorance altière,
Le sot orgueil bien long-temps l’insulter :
Mais, etc.

J’ai vu passer cette foule sacrée,
De malheureux, longue procession,
Qui murmurait d’une voix concentrée
« Plutôt la mort que la diminution »ii.
Dans ce long deuil plus d’un cri de misère ;
Plus d’un soupir étaient bons à noter :
Mais, etc.

Persévérez, douces, nobles victimes,
O vous, pour qui je veux vivre et mourir !
Faites rougir vos tyrans de leurs crimes ;
Sache-le bien : pour vous est l’avenir.
Souvent ma voix ô femme ! ô prolétaire !
A votre oreille encor viendra tinter :
Car, etc.

Notes de base de page numériques:

1 Comme l’indique cette note, ces lignes doivent être extraites d’un des recueils du poète républicain Hippolyte Tampucci, dont il est question dans le numéro 10 de la Tribune.

Notes de fin littérales:

i. V. le numéro 10, presse prolétaire.
ii. Les fileurs de RheimsReims, 1834.

 

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