L'Echo de la Fabrique : 22 février 1835 - Numéro 23

A M. le Gérant de l’Indicateur.

Monsieur,

Dans l’intérêt de la vérité et afin que chacun porte la responsabilité de ses œuvres, veuillez me permettre d’informer le public et en particulier la Tribune prolétaire, que je ne suis pour rien, soit dans l’insertion soit dans la rédaction de l’article intitulé : Un mot sur l’état actuel de l’industrie, que contient le n° 21 de l’Indicateur et qui m’est attribué à tort.

Agréez, etc.,

M. derrion.

A propos de cette réclamation de M. Derrion, provoquée, à ce qu’il paraît, par quelque malveillante insinuation de la Tribune prolétaire, nous allons nous expliquer sur l’article qui a été l’objet de sa furibonde déclamation contre l’Indicateur. Notre franchise, la sincérité de nos intentions ne nous feront pas chercher des moyens hors de la vérité ; c’est par nos actes que nous répondrons aux fausses imputations qui pourraient nous être faites. Nous dirons donc que l’article inséré dans le numéro 21, est l’œuvre d’un écrivain emporté par l’indignation que lui fit éprouver un fait inoui commis par un négociant de cette ville.

Le gérant hésita plusieurs mois à insérer cet article qui lui paraissait contraire à la doctrine de l’Indicateur ; mais cédant lui-même à un mouvement involontaire produit par des plaintes sans cesse renouvelées des chefs d’atelier, victimes de spéculations vraiment coupables, l’article fut porté à l’imprimerie un peu à la hâte. Mais malgré cela le rédacteur de la Tribune prolétaire ne pourra pas faire prendre le change sur nos intentions conciliatrices et notre caractère dépourvu de haine.

Or, ceci a été une bonne fortune pour la Tribune prolétaire, qui a saisi cette occasion pour nous entraîner sur un terrain de discussions insignifiantes ; car nous devons dire que le rédacteur de ce journal, désolé sans doute de ne pouvoir nous suivre dans ses efforts pour l’amélioration du sort des travailleurs, fait tout ce qu’il pense pour nous distraire de ce noble but, en nous forçant d’engager avec lui une stérile polémique de journalistes.

Comme nous n’avons pas du temps de reste pour l’employer à ennuyer le public en imitant la Tribune prolétaire, nous renvoyons cette polémique au moment où nous aurons plus de loisirs. Seulement nous ferons remarquer en passant qu’en fait de dénonciation mensongère et de style réquisitorial la Tribune prolétaire n’a plus rien à reprocher à certaines feuilles que l’opinion publique méprise.

 

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