L'Echo de la Fabrique : 22 mars 1835 - Numéro 27

LYON.

son avenir.

Ainsi que nous l’avons démontré, la grande industrie lyonnaise est en voie de progrès, et quoique quelques ouvriers aient jugé convenable de s’éloigner de la ville, il est certain que ce sera toujours vers elle qu’aboutiront les opérations les plus essentielles, comme l’achat des matières, la teinture, les apprêts, la vente des produits, les expéditions, les paiemens, etc., etc. L’émigration des ouvriers ne se reportera jamais que dans les articles de fabrication facile. Quant à ceux de haute consommation, comme l’uni riche et le façonné, elles seront toujours les parties essentielles de la ville de Lyon ; car, comme l’a prouvé l’exposition des soieries étrangères, leur concurrence les touche peu, et ne saurait forcer nos fabricans à diminuer les façons.

Il faut d’ailleurs, pour monter, organiser et tisser ces articles, dont les dispositions sont si variées et si variables, des ouvriers intelligens et expérimentés, qu’on ne saurait trouver dans la majeure partie de ceux qui ont quitté la ville ; outre cela, il est très-utile que les chefs d’atelier qui s’occupent de cette partie de la fabrique soient à la proximité des fabricans.

Tout nouvel article que Lyon ajoute à ses assortimens, augmente généralement les chances de vente de tous les autres, et tout article que Lyon perd, les diminue ; et c’est surtout, parce que Lyon est le centre des productions qui présentent le plus de variété dans les assortimens et dans ses moyens d’exécution que, malgré certains désavantages essentiels, elle a pu progresser comme ville manufacturière.

Mais l’industrie de la soie, quoiqu’elle soit immense, n’est pas la seule cause de la prospérité de notre ville ; et il est évident que, dans un avenir très-prochain, cette prospérité s’assièra sur des bases plus larges et plus solides.

Et d’abord, combien d’élémens de richesses dans sa situation, à laquelle nulle autre ville du monde, peut-être, ne saurait être comparée. La vallée du Rhône étant le passage naturel entre le Nord et le Midi de l’Europe, et la Méditerranée étant aussi la route la plus naturelle de l’Occident à l’Orient du monde, Lyon se trouve l’étape presqu’inévitable où viendront s’opérer les échanges, entre le Nord et le Midi, l’Orient et l’Occident. Ainsi, rien de ce qui se passe sur le globe, ne saurait lui être indifférent. Que la production et le bien-être se développent dans les steppes de la Russie, ou sur les rivages de l’Egypte et de l’Inde, le contre-coup s’en fera sentir chez nous, et il n’est plus de progrès auxquels nous ne soyons forcément associési.

[4.2]Bientôt se trouvera réalisé le plan qui a occupé les plus grands génies, depuis Alexandre de Lacédémone jusqu’à Napoléon, et Paris sera aussi près de Calcutta que de St-Pétersbourg. Alors la France pourra distribuer au Nord, les fruits du soleil de l’Inde, et à l’Orient, les fruits de la patiente industrie des populations du Nord. Alors Lyon deviendra l’un des entrepôts du commerce du monde.

Notes de fin littérales:

i. Depuis grand nombre de siècles LyonLyon est une des premières villes du monde par son commerce et ses richesses. Des maisons florentines qui avaient fui les malheurs de leur patrie, vinrent se fixer à LyonLyon, comme le point central des opérations financières qu’elles voulaient établir, et contribuèrent beaucoup au développement de notre industrie. Ce fut dans une de ces maisons que le jeune ColbertColbert, qui fut contrôleur-général des finances sous Louis XIVLouis XIV exerça la profession de commis de banque. Ce fut aux sollicitations de ColbertColbert que la ville de LyonLyon dût la bienveillante protection du monarque, et dans la persuasion où il était du génie et de l’industrie de ses habitans, il employa des sommes immenses pour faire fleurir notre commerce. Ou évalue de 60 à 80 millions, l’argent employé à cet effet.

 

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