L'Echo de la Fabrique : 5 avril 1835 - Numéro 29

A M. le Rédacteur de l’Indicateur,

Lyon, le 28 mars 1835.

Votre feuille du 22 courant contient des assertions injurieuses contre nous ; veuillez, dans, l’intérêt de la vérité, insérer la présente dans votre plus prochain numéro.

Il est faux que le commis chargé de recevoir nos ouvriers, ait pesé avec des trames destinées au sieur Josserand, un échantillon que ce dernier rendait. Cet échantillon a été mis dans la balance du côté des poids, afin que celui de la trame qu’on lui donnait fût diminué d’autant.

Il arrive tous les jours que, pour éviter de faire deux fois écriture, l’on se sert de ce moyen ; son emploi était justifié dans cette circonstance avec d’autant plus de raison qu’il s’était élevé une discussion relative au poids de cet échantillon.

Ainsi donc, nous n’avions pas l’intention d’exploiter le sieur Josserand, comme il l’avance avec autant d’impudence que de mauvaise foi.

Quant au fait que vous rappelez, d’une discussion que nous avons eue avec le sieur Pichon, nous vous conseillons de voir les cinq ou six chefs d’atelier qui étaient présens lorsqu’il se passa, ils vous diront tous que votre récit est aussi absurde que calomnieux.

Signé tholozan chavent.

D’après les vœux de MM. Tholozan Chavent, nous sommes allés aux informations auprès des cinq chefs d’atelier qui étaient présens lors des débats en question. Voici leur réponse.

A Monsieur le Rédacteur de l’Indicateur.

Lyon, le 1er avril 1835.

Monsieur,

Nous venons tous attester que vous n’avez fait que rapporter la vérité de la discussion que M. Pichon eut dans le temps avec MM. Tholozan Chavent. Nous vous observerons seulement qu’il y a eu erreur de nom ; au lieu de M. Chavent qui porta les coups de poing, ce fut M. Tholozan.

En foi de quoi nous signons,

M...., P...., P...., B...., B...., chefs d’atelier.

Lyon, le 2 avril 1835.

Monsieur le Rédacteur,

La modération dont j’ai fait preuve par ma conduite à l’égard de M. Tony, commis de fabrique chez MM. Tholozan Chavent, lorsqu’il s’est permis de me frapper, vous est un sûr garant que je ne suis point vindicatif ; pourtant comme ces messieurs prétendent ne m’avoir nullement exploité et qu’ils m’accusent de mauvaise [4.1]foi dans le rapport que je vous ai fait à ce sujet, je vais rétablir les faits.

Personne en fabrique n’ignore qu’on est dans habitude de passer 5 grammes au chef d’atelier lorsqu il rend un échantillon : et cela, non pas tant pour le poids de la matière qui y est contenue, que pour une indemnité de la façon qui ne saurait être payée. Or, voyant que M. Tony s’obstinait à vouloir mettre mon échantillon dans la balance, comme il le dit lui-même, je lui fis observer qu’il me faisait du tort, d’abord en ce que la trame qu’il me donnait n’était pas pour la pièce sur laquelle avait été tissé l’échantillon, et de plus, que cette manière de poser me frustrait en quelque sorte du poids total de mon échantillon, qui devait être porté 5 grammes, comme d’usage.

Sur ce, M. Tony me jeta mon livre à la figure et me donna un soufflet ; plus, il s’apprêtait à m’administrer des coups de cheville, si je ne fusse pas sorti de suite du magasin.

Quant aux répétitions d’écritures que ces messieurs alléguent pour excuse de leur conduite, elle me paraît bien faible, attendu qu’on a bientôt mis sur un livre : Ech. 5 gr.

Si, moins modéré, j’eusse riposté, comme M. Pichon à M. Tholozan, j’aurais pu faire repentir M. Tony de son insolence.

Agréez, M. le rédacteur, etc.

josserand.

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique