L'Echo de la Fabrique : 19 avril 1835 - Numéro 31

A M. le Rédacteur de l?Indicateur.

Lyon, le 14 avril 1835.

Monsieur,

C?est dans l?intérêt des travailleurs, et surtout dans le mien, que je viens vous prier de publier les tracasseries que j?ai éprouvées avec la maison Moleron. Voici le fait.

M. Moleron m?ayant refusé le montant de la façon d?une pièce que je lui rendais, je fus forcé, pour obtenir mon payement, de le faire appeler par-devant le conseil des prud?hommes, à l?audience de vendredi, 10 avril. Là, M. Moleron osa répondre au président, qui lui demanda pourquoi il ne voulait pas me solder, que je lui avais volé de la soie et substitué du coton pour balancer mes comptes. Comme il était difficile d?acquérir la preuve de cette accusation séance tenante, vu qu?il fallait faire le relevé des matières qui avaient été employées, le conseil nous renvoya en conciliation par-devant MM. Bender et Dumas. Aujourd?hui il a été prouvé par ces arbitres que j?avais rendu mes comptes.

Mais comme le public présent à la séance du 10 avril n?assistait pas à la conciliation, et pourrait conserver sur mon compte une idée défavorable, je viens lui annoncer par la présente que les prud?hommes arbitres ont engagé M. Moleron à faire lui-même la balance de ses livres avant de suspecter la bonne foi d?un ouvrier, sur la simple déposition d?un commis, et lui réclamer ce qui ne lui était pas dû.

J?ai l?honneur d?être, etc.

sifflet.

N. d. R. Il serait à désirer que certains négocians ne s?en rapportassent pas toujours aussi inconsidérément au dire de leurs commis, lorsqu?il s?agit de flétrir la réputation d?un chef d?atelier, et qu?ils daignassent prendre la peine de visiter eux-mêmes les écritures. Par là, non-seulement ils n?attaqueraient pas à la légère l?honneur d?un père de famille ; mais encore ils ne l?obligeraient pas à se présenter trois ou quatre fois aux prud?hommes pour obtenir ce qui lui est légitimement dû. Ils ne doivent pas ignorer que le temps est précieux.

 

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