L'Echo de la Fabrique : 3 mai 1835 - Numéro 18Plusieurs chefs d’atelier sont venus dans notre bureau réclamer contre la prétention de M. charnier, d’avoir fondé le mutuellisme et ont soutenu qu’il n’y avait été admis qu’en 1832 ; l’un d’eux nous a même cité la déposition ainsi conçue de M. Joseph doucet témoin entendu dans l’affaire des accusés d’Avril (voyez dépositions, tom. 1er, n. 130). « Ce fut le 28 juin 1828 qu’a pris naissance la société du mutuellisme, nous étions environ une quarantaine, etc. » – Nous avons cru devoir nous enquérir de la vérité, et M. Rosaz a eu l’obligeance de nous laisser prendre copie de la lettre suivante adressée par MM. Doucet lui-même, Masson-Sibut, Bouvery, Chaboud, Leborgne, Reynaud et Barthélemy à M. Charnier, et que ce dernier a déposée dans son musée. « Lyon, le 30 mars 1828. « Monsieur le directeur, « Nous avons l’honneur de vous informer que nous étant rendus à votre invitation aujourd’hui, nous avons eu le regret de ne pas vous y voir ; néanmoins comme il est urgent d’arriver à un résultat, il a été décidé à l’unanimité que la société serait considérée comme organisée provisoirement à compter de ce jour 30 mars, en conséquence des ordres ont été donnés pour que les assemblées commencent à avoir lieu, la première pour dimanche prochain 6 avril. « Des autorisations ont également été données pour l’achat des fournitures de bureau jugées nécessaires. « Il nous eût été fort agréable que vous eussiez pu être présent, mais, nous aimons à croire que des considérations majeures vous en ont empêché. « Nous avons l’honneur d’être, Monsieur le directeur, avec une considération distinguée, etc. » (Suivent les signatures ci-dessus). En consultant notre mémoire, nous nous sommes souvenus que M. Alph. Rastoul appela en 1827, dans le journal du Commerce, l’attention publique sur cette institution qui, disait-il, manquait à notre cité. Dès-lors, il nous semble que M. Doucet a erré dans sa déposition en disant, que la société mutuelliste n’avait pris naissance que le 28 juin 1828, puisque le 30 mars 1828 précédent il écrivait à M. Charnier comme directeur ; il aura sans doute voulu dire qu’elle n’avait été définitivement constituée que ce jour-là ; on sait que dans toute entreprise il y a des préliminaires qui retardent la mise à exécution. Resterait à expliquer pourquoi en profitant de l’invention on aurait rejeté les inventeurs : cela arrive quelques fois, et le sic vos non vobis de Virgile en fait foi ; mais c’est toujours à celui qui a conçu un projet que le titre de fondateur est dû. Ainsi, nous pensons que M. Charnier a raison ; au reste il vient d’être attaqué à ce sujet d’une manière grave par un anonyme dans le dernier numéro de l’Indicateur. Nous attendons sa réponse ; il doit avoir beau jeu, ses adversaires en sont réduits à garder l’anonyme et à lui dire des injures. |