L'Echo de la Fabrique : 3 mai 1835 - Numéro 33

ECHO DE FABRIQUE1.

D. Pourquoi l’Indicateur ne parle-t-il plus de réforme industrielle ?

R. Parce qu’un malin de la rue Saint-Polycarpe l’a baillonné.

D. Hé ! comment donc ça ?

R. Diable ! Comment donc ça ? ne savez-vous pas que les ouvriers n’ont pas huit mille fr. en caisse comme ce juif qui pèse votre pièce ?

D. Diable ! s’il ne lui fallait que ça pour nous débrouiller de tous les patrigots de nos marchands, il me semble qu’on les aurait d’abord trouvé ; mais diantre ! je n’y comprends rien encore pourquoi ces huit mille francs ?

R. C’est justement à cause de ces huit mille francs que je ne puis pas vous éclairer : or, figurez-vous que l’Indicateur est un homme qui souffre et ne peut se plaindre, un homme qui voudrait travailler au bonheur de tous et qui a les mains attachées sur le dos ; car toute espèce de commentaire commercial lui est interdit. Aussi vous voyez qu’il ne fait plus que des annonces : comme RÉFORME INDUSTRIELLE, AMÉLIORATION SOCIALE, SCIENCES ECONOMIQUES, etc.

D. Je vois bien qu’il y a quelque diable là-dedans ; mais puisqu’il faut de l’argent, nous en trouverons… et puis nous verrons…

R. Oui, c’est le seul parti à prendre.

Notes de base de page numériques:

1 Ce dialogue commente la première page du journal, l’article de tête étant pour la première fois (et la seule fois) remplacé par une illustration. Le procédé signale les atteintes de plus en plus nombreuses faites par le pouvoir orléaniste contre le droit d’expression et de publicité y compris pour des matières - industrielles, commerciales -, considérées jusqu’alors comme distinctes des thématiques politiques.

 

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