L'Echo de la Fabrique : 10 mai 1835 - Numéro 19

Nous croyons devoir dans l?intérêt littéraire et historique relever deux erreurs qui circulent relativement à l?origine de l?Echo de la Fabrique ; ces deux erreurs consistent à prétendre que ce journal a été fondé postérieurement aux événements de novembre, et qu?il doit sa naissance à la société mutuelliste, dont il aurait été dès le commencement l??uvre et l?organe. Ces erreurs sont sans doute le résultat de renseignements fournis par une coterie qui s?approprie tout ce qu?elle a copié et condamne les vrais inventeurs au silence, sous peine d?être calomniés. Nous n?avons pas besoin de la désigner autrement, chacun la reconnaîtra.

Nous rétablissons la vérité. L?Echo de la Fabrique n?a pas été fondé après les événemens de novembre, mais plus d?un mois auparavant. Le premier numéro (fort rare) qui contient le tarif, a paru le 25 octobre 1831 ; il est vrai que l?acte de société n?a été rédigé que le 12 février 1832 et déposé quelques jours après chez Me Coron, notaire. ? L?autre erreur est plus grave. La société mutuelliste a été totalement étrangère à la fondation de l?Echo de la Fabrique. Très peu de ses membres figurent dans le nombre des trente-sept actionnairesi qui ont concouru à cette fondation avec M. falconnet, à qui l?idée d?un journal spécialement consacré à la classe ouvrière est entièrement due. Or M. Falconnet n?a jamais été mutuelliste. Quelques-uns des actionnaires fondateurs le sont devenus, mais long-temps après la fondation du journal. M. Vidal qui remplaça le 13 mai 1832 M. Falconnet dans la gérance, n?était pas mutuelliste et n?appartenait même à aucune société. M. Berger qui lui succéda le 12 août 1832 et remplit cette fonction jusques, et compris le 11 août 1833, n?a fait partie de l?association mutuelliste qu?en décembre ou janvier suivans. C?est seulement le 18 août 1833 que l?Echo de la Fabrique, en passant sous la gérance d?un nommé Bernard, qui jusque-là y avait été complètement étranger, devint l?organe du mutuellisme ; il ne l?était pas auparavant ; ses rédacteurs croyaient préférable de défendre les intérêts de la classe ouvrière par la voie seule de la presse, sans dépendre d?autre chose que de leur conscience et de l?opinion publique. La scission qui eut lieu à cette époque (août 1833) est trop connue pour que nous ayons besoin de la rappeler. L?Echo de la Fabrique quitta alors la ligne du Précurseur et suivit celle de la Glaneuse après un moment d?hésitation qui valut au nouveau gérant des éloges maladroits du Courrier de Lyon. Les actionnaires dissidens qui formaient la minorité (le nombre était arrivé à 100) fondèrent l?Echo des Travailleurs, afin de continuer les doctrines de l?ancien Echo de la Fabrique ; mais cette nouvelle feuille ne put lutter contre les circonstances ; créée le 2 novembre 1833, elle succomba le 22 mars 1834 (elle a eu 35 numéros). ? M. Sigaud aîné en était le gérant, et MM. Falconnet et Chastaing rédacteurs.

Notes de fin littérales:

i. Voici les noms des 37 actionnaires qui ont les premiers répondu à l?appel de M. FalconnetFalconnet Joachim. Ceux dont la profession n?est pas indiquée sont fabricants d?étoffes de soie.

 

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