L'Echo de la Fabrique : 7 juin 1835 - Numéro 38

Monsieur le Rédacteur,

La Tribune dite prolétaire m?apprend, par un article dans son numéro du 24 mai, que M. Charnier est parti pour Paris et que bravement il a remis la lettre que je lui ai écrite le 11 mai et dont votre numéro du 17 a donné copie, à MM. Chastaing et Legras, l?un rédacteur et l?autre gérant de ce journal. Je plains ces messieurs de s?être chargés d?une réponsei que sans doute leur ami était embarrassé de faire, et de s?en être surtout si maladroitement acquitté. Dominés par le désir de satisfaire une colère, il est fâcheux qu?ils aient oublié la mission de journaliste, au point d?intervenir dans un débat particulier dans le seul but d?irriter les contestans.

Ainsi M. Charnier est moins qu?un Matamore, c?est-à-dire un faux brave ; car le faux brave ne recule positivement qu?au moment du vrai danger. M. Charnier n?est qu?un poltron hargneux qui injurie parce qu?il sait qu?il peut fuir ; je pourrais ici, M. le rédacteur, m?étaler tout à l?aise sur le compte de cet homme bizarre, dont le jugement paraît si souvent équivoque et le caractère si jésuitique ; car du moment où il a des représentans, je peux ne point avoir de ménagement pour lui et le considérer comme présent ; mais battre les fous c?est un mauvais moyen, il vaut mieux attendre qu?ils puissent vous comprendre. En attendant, un mot sur MM. Chastaing et Legras, ses fondés de pouvoir, qui dans le premier paragraphe de leur réponse disent : L?Indicateur n?a point de rédacteur en chef, mais il a un Bravo, et ce Bravo c?est M. Ph. Daverede ; ils se fussent peut-être abstenus ces messieurs, s?ils avaient positivement su que le nom de bravo, peu connu à Lyon mais beaucoup à Paris, se donne toujours aux hommes comme eux qui obtiennent leur entrée gratis aux théâtres, parce qu?ils offrent d?applaudir à tour de bras, les nouvelles pièces et les nouveaux acteurs quels qu?ils soient ; on appelle vulgairement ces hommes des claqueurs d?actrices, des serviteurs de directeurs, des intrigans enfin qui nuisent aux plaisirs de ceux qui payent leur place.

Il y eut un Bravo dont la physionomie masquée et le poignard mercenaire, fut fatale à plus d?un innocent ; M. Chastaing pousserait-il l?impudence jusqu?à me mettre en similitude ? L?Indicateur n?a point à rougir de ses actes ; il n?attaque pas, il riposte, et pour armes envers des hommes tels que ceux de la Tribune prolétaire il n?a qu?un souverain mépris : à quoi bon ressusciterait-il un Bravo ? Plus loin, ces messieurs disent : L?Indicateur n?est pas un Matamore, ce qui le distingue de M. Daverede ; moi je dis : M. Chastaing est un impudent, un fat au physique comme au moral. C?est dans ses semblables que se rencontrent les faux braves, et non dans les anciens soldats de l?Empire.

Je ne sais, M. le rédacteur, si vous avez lu cette diatribe, grand bavardage qui ressemble à celui d?un homme agité par la fièvre maligne, et dont je n?ai relevé que les principales attaques contre moi. Je désirerais, monsieur, que vous eussiez la complaisance de mettre dans votre numéro prochain les réflexions que je fais sur MM. Charnier, Chastaing et Legras, les terminant en les engageant a être à l?avenir plus judicieux et moins bavards ; vous promettant, M. le rédacteur, de ne plus répondre à de semblables [3.1]sottises, persuadé que ces sortes de querelles sont peu faites pour amuser vos lecteurs. J?ai l?honneur, etc.

daverede.

Notes de fin littérales:

i. J?engage le lecteur à la voir dans la Tribune prolétaireTribune prolétaire du 24 mai24 mai 1835.

 

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