L'Echo de la Fabrique : 11 mars 1832 - Numéro 20

En Angleterre, lors des élections pour la chambre des communes, les candidats, après avoir mis publiquement les suffrages à tel ou tel prix, mettent en pratique, dans un cas désespéré, un moyen assez étrange : ils font placer à la porte d?une taverne un gros écriteau portant ces mots : Ici on boit et mange gratis si l?on veut voter pour tel baronnet. Et bien ! savez-vous les bruits qui circulent ? On prétend que parmi nous des hommes moins fortunés, sans doute, et ne pouvant pas faire de grands sacrifices, n?en offrent pas moins le petit dîné et la fine bouteille pour obtenir les suffrages des ouvriers en soie afin d?être nommés prud?hommes ; pourtant, selon nous, le titre de prud?homme n?est pas sans désagrément et le siège du conseil n?est pas rembourré de roses?

En Angleterre, c?est l?ambition qui fait faire des sacrifices à la fortune pour obtenir des suffrages. Avis aux électeurs du conseil des prud?hommes?

Les petites ambitions sont autant à craindre que les grandes, mais il est un moyen de déjouer les petites man?uvres de quelques quêteurs de suffrages. Que les électeurs s?entendent entre eux, qu?ils ne choisissent pour candidats que des hommes vraiment fermes, incapables de cabales, ne fléchissant jamais devant les considérations et surtout désintéressés ; c?est le point essentiel : ceux-ci ne recherchent point les suffrages et les méritent d?autant mieux qu?ils ne les mendient point.

 

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