L'Echo de la Fabrique : 18 mars 1832 - Numéro 21

RÉFORME DE LA CONDITION DES SOIES.

Depuis long-temps nous avions vu paraître une brochure intitulée : Projet de reforme de la Condition publique des soies1, par P. Andrieu. Mais les circonstances du temps et des événemens nous ayant jusqu’ici obligés de nous occuper des choses les plus pressantes, nous nous étions réservé de parler plus tard de cet objet qui, sans avoir un rapport majeur à nos propres intérêts, est très-important pour notre commerce de soies et soieries en général. Nous avions remarqué avec satisfaction les autres journaux s’en occuper à l’époque de la publication.

Nous ne nous proposons pas d’entrer dans les détails des procédés que donne l’auteur pour opérer d’une manière convenable le séchage des soies dans les établissemens de la Condition publique. Nous donnerons seulement un coup-d’œil sur quelques-uns des points les plus saillans de cet opuscule, tracé avec clarté et précision.

Nous avons d’abord été frappés de la manière inégale dont la dessication a lieu dans l’établissement actuel. Un tableau des résultats journaliers montre que la perte subie par la soie à la Condition, c’est-à-dire l’eau évaporée, n’est, certains jours, que de 1 %, tandis que d’autres jours elle arrive à 3 %, de telle manière que souvent de deux ballots qui sont également mouillés, l’un peut sortir avec 2 % de plus d’humidité que l’autre ; c’est une différence énorme pour une matière dont le prix est aussi élevé.

Pour remédier à cela et obtenir une dessication d’une égalité parfaite, M. Andrieu propose d’employer l’action des courans d’air, reconnus tous de la même puissance, que l’on dirigera ensuite sur chaque ballot de soie renfermé dans une case pendant vingt-quatre heures, et close exactement ; après quoi tous seront indistinctement au même degré de sécheresse.

Il s’agissait, avant tout, de savoir à quel degré de sécheresse l’acheteur doit recevoir la soie au sortir de la Condition. Ce degré nous paraît ici pris d’une manière convenable ; ce sera, dit l’auteur, la sécheresse correspondante à peu près aux grandes sécheresses de nos climats. En effet, la soie ne serait plus ainsi exposée à perdre encore dans le magasin des fabricans, et les intérêts du vendeur, comme ceux de l’acheteur, seraient également ménagés.

Cette brochure renferme une foule de réflexions sur les autres améliorations que laisse à désirer l’établissement actuel, très-défectueux. On voit partout que c’est un travail fait en consultant l’expérience, et avec la connaissance bien intime de tout ce qui s’y rapporte, accompagné ensuite de démonstrations mathématiques irrécusables.

Une commission avait été nommée par la chambre de commerce, dans le courant de l’année dernière, pour examiner ce projet de réforme, et d’autres aussi que nous ne connaissons pas encore ; tout cela est resté en suspens.

Quant à nous, notre part moins considérable, il est vrai, n’en est pas moins réelle. Notre existence, liée à l’intérêt de ceux pour qui nous travaillons, nous fait aussi participer au préjudice qu’ils éprouvent. Il nous serait facile de montrer à quelle réduction sur le prix des façons nous expose un mécompte de 2 % sur les achats de soie de nos fabricans, dont malheureusement [4.2]nous supportons toujours une part des échecs, sans partager les avantages.

Nous faisons des vœux ardens pour voir reprendre et hâter les examens entrepris sur cet objet, et arriver enfin à un système convenable de condition des soies, pour remplacer celui actuel qui ne peut plus être maintenu.

Notes de base de page numériques:

1 Paul Andrieu, Projet de réforme de la Condition des soies, Paris, Imp. de L. Perrin, 1831. L’auteur était un employé de la Condition des soies de Lyon (Adrien Perret, Monographie de la Condition des soies de Lyon, Lyon, Pitrat aîné, 1878, p. 37-39.)

 

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