L'Echo de la Fabrique : 25 mars 1832 - Numéro 22

AU RÉDACTEUR.

Monsieur,

J’ai lu dans votre dernier Numéro une lettre signée Martinon. Je ne connais nullement l’homme qui a eu la générosité de signaler un trait d’égoïsme qui n’a pas d’exemple. C’est, selon moi, rendre un grand service à deux classes qui ne peuvent exister l’une sans l’autre, je veux dire les chefs d’ateliers et les fabricans. Ces derniers doivent être charmés de voir mettre sur la sellette les sangsues du commerce, qui, après avoir épuisé le pauvre ouvrier jusqu’à la dernière goutte de son sang, vont flairant celui de leurs confrères.

Honneur au chef d’atelier courageux qui, le premier, a rompu en visière avec ces hommes cupides ! Qu’il ait de nombreux imitateurs, et bientôt notre industrie redeviendra florissante comme par le passé ; car il ne faut pas se dissimuler que s’il existe des hommes qui, selon l’expression du poète, boivent la sueur au front du prolétaire, il en est aussi qui, doués de beaucoup de probité, ont lu la lettre de M. Martinon avec plaisir et lui savent gré de sa franchise.

Je vous préviens, Monsieur le Rédacteur, que nous avons fait vœu, plusieurs chefs d’ateliers, de vous signaler tous les abus de ce genre qui viendront à notre connaissance ; et, à l’exemple de M. Martinon, nous nous signerons en toutes lettres.

J’ai l’honneur d’être, etc.

M. T. Say.

 

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