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8 avril 1832 - Numéro 24
 

 




 
 
     

[1.1]Une souscription est ouverte au bureau de l’Echo de la Fabrique en faveur des blessés, des veuves et des orphelins des trois journées de novembre. Nous en appelons à toutes les ames généreuses, à ces cœurs philantropes qui ont secouru l’infortune jusque sur des rives étrangères, et dont l’humanité ne manquera pas de venir au secours de leurs concitoyens malheureux.

LYON.1

Le Courrier de Lyon auquel nous nous lassons de répondre, parce que nous n’avons pas comme lui acquis le droit de divaguer aux dépens de patrons à coffre-fort et à la signature dorée, nous jette quelquefois le gant, et nous de le relever, mais c’est toujours en vain. C’est ainsi que nous nous sommes quelquefois écartés de la ligne industrielle que nous devions suivre pour répondre à d’odieuses imputations, à de basses calomnies dirigées contre ceux que nous avons mission de défendre. C’est ainsi qu’ayant répondu dans notre feuille à des accusations fausses parties du haut de là tribune nationale contre une immense population, accusations soutenues par un homme que le caractère dont il est revêtu eût dû rendre plus conséquent ; pour avoir répondu, disons-nous, et proclamé la vérité, le Courrier de Lyon nous attaqua avec cette urbanité qu’on lui connaît, nous annonçant que, retenu par son indignation, il se réservait plus tard de nous terrasser. Mais l’indignation de ces messieurs se dissipa avec la fumée du malvoisie, et nous en fûmes quittes pour des menaces.

Après, la même feuille voulant faire la police de la presse, mission que ses écrivains trouvent sans doute honorable, et à laquelle le peuple donne une épithète que nous taisons par bienséance, nous dénonça au fisc, parce que, disait-elle, nous devions payer un double [1.2]cautionnement, parlant aux ouvriers de leur travail, au pauvre de sa misère, en mettant en question les plus hauts points sociaux. Certes, si l’intention était mauvaise, le compliment était flatteur, et ici nous aurions tort de nous plaindre, d’autant plus que cet article n’était pas tout dirigé contre nous, puisque la feuille aux signatures dorées ravalait les honorables citoyens qui peuplent nos cafés jusqu’à les appeler gobe-mouches.

Enfin, dans son N° du 2 avril, il revient à la charge. Ce pauvre Courrier de Lyon veut absolument que nous ne parlions aux ouvriers que de battans et de navettes. Il justifie pleinement ce que nous avons dit dans notre avant-dernier N°, article intitulé l’un et l’autre : que l’industriel ne doit rien voir au-delà de son art, et qu’au riche seul appartient le droit de penser au-dehors de son magasin, de son comptoir ; voilà la logique du Courrier du Lyon.

Jugez combien nous devons être coupables aux yeux de ses patrons ! Dans notre Feuille, nous avons publié un article philosophique sur les prolétaires (ce sont ses propres expressions) ; mais ce n’est rien encore, nous avons osé comparer le sommeil du riche avec le sommeil du pauvre ! nous avons eu l’audace de placer le prolétaire sur un peu de paille, et là de lui faire oublier par des songes ses peines, ses ennuis et sa misère !… Oh! ceci provoque à la haine ; le Courrier, d’ailleurs, a soin de nous l’apprendre ; si, comme lui, nous avions dit : que de nos jours les ouvriers s’étaient promenés dans nos rues une navette d’une main et un fusil de l’autre, à la bonne heure ; si, comme lui, nous avions dit encore que les ouvriers d’aujourd’hui sont comme les hommes de 1793, qui dansaient la carmagnole coiffés d’un bonnet rouge et armés d’une pique ; voilà ce qui aurait été, selon le Courrier de Lyon, rétablir l’harmonie entre des hommes faits pour être toujours en contact.

Nous voulons, à ce que dit le Courrier, que les ouvriers [2.1]deviennent savans ; à quoi bon, un ouvrier ne doit rien savoir, pas même lire son livre de magasin ; car le pauvre seul peut se tromper ; mais le riche est et sera toujours infaillible. Enfin, voici notre plus grand crime, nous avons parlé des charivaris politiques ; et le Courrier de Lyon de crier houra ! à ceci, nous ne répondrons rien : comme ses coryphées sont quelquefois charivarisés, nous lui pardonnons son attaque, de crainte de le blesser dans ses sympathies.

Pour nous, nous croyons remplir notre tâche avec zèle ; nous croyons entretenir assez les ouvriers de leurs intérêts. Il est vrai que dans nos comparaisons nous ne sommes pas si heureux que le Courrier qui leur fait gagner dix francs par jour… Il nous avait déjà dit cela ; mais ses éternelles divagations nous apprirent le lendemain que c’était des ouvriers imprimeurs sur tissus dont il avait voulu parler. Aujourd’hui ce sont les ouvriers fabricans l’étoffe hernani qui gagnent cette somme ; attendons à demain…

On compte en ce moment à peu près cent métiers d’hernani ; sans doute, sur cette étoffe on peut gagner une assez bonne journée, si l’on appelle journée le travail fait les jours où le métier abonde de matière ; mais il n’est pas d’articles où l’ouvrier ait plus de temps à perdre, les matières étant très-rares. Ainsi, souvent un métier, après avoir travaillé huit jours, va rester couvert une semaine, et si, pendant le temps qu’il travaille, l’ouvrier gagne 6 francs par jour, ce qui est exagéré ; chômant ensuite une semaine, son bénéfice se réduit à 72 fr. par mois ; voilà ce que le Courrier ne dit pas, tout en avouant que cet un article exceptionnel.

Mais pourquoi le Courrier, qui se connaît si bien en fabrique, et qui exalte aujourd’hui l’heureux sort des ouvriers en soie, ne parle-t-il pas des articles unis où les ouvriers peuvent à peine gagner de 20 à 30 sous par jour ? que ne parle-t-il de l’article schalls, fléau des chefs d’ateliers et qui a causé leur ruine, les frais absorbant toujours au-delà des bénéfices ? Mais le Courrier de Lyon parle de la condition des soies ! il énumère les ballots qui en sont sortis ! Eh ! qu’importe aux ouvriers tout ce trafic de soies ! s’ils sont toujours dans le même état de détresse, si l’on n’augmente pas leur façon au point où ils puissent vivre et élever leurs familles ! Parler ainsi de la prospérité du commerce, tandis que l’ouvrier est toujours dans la même position ; c’est vraiment insulter à sa misère.

Le Courrier trouve que ne nous nous occupons pas assez de la spécialité de la fabrique ; nous prions, à notre tour, cette feuille de ne plus s’en occuper, parce que certes elle n’est pas là dans son élément ; c’est dans son intérêt que nous lui faisons cette prière ; car rien n’est plus propre à augmenter le ridicule dont elle est dotée. Enfin, qu’elle nous laisse en paix, qu’elle cesse ses attaques maladroites contre nous, et nous aurons plus de temps à consacrer à la classe qui nous intéresse, n’ayant plus à répondre à ses calomnies, à ses mille et une divagations.

PRÉFECTURE DU RHÔNE.
CONSEIL DES PRUD’HOMMES DE LYON.

Nous, préfet du département du Rhône,

Vu la loi du 18 mars 1806, les décrets des 3 juillet 1806, 11 juin 1809 et 3 août 1810 ;

Vu l’ordonnance du Roi du 15 janvier 1832 ;

Vu nos arrêtés des 21 janvier et 6 février derniers ;

Vu les listes des électeurs-prud’hommes, dressées, closes, publiées et affichées par les soins de MM. les [2.2]maires de Lyon, la Guillotière, la Croix-Rousse, Vaise et Caluire, conformément à nos arrêtés des 21 janvier et 6 février ;

Considérant que les devoirs qui nous sont imposés par l’ordonnance royale du 15 janvier dernier, font naître deux questions principales qu’il est important de résoudre : celle des principes qui doivent nous diriger pour la division des électeurs prud’hommes eu huit sections, et celle des conditions d’éligibilité au conseil des prud’hommes ;

Considérant, quant à la division en sections, que le nombre des chefs d’ateliers électeurs n’est pas dans tous les quartiers proportionné au nombre des métiers ; qu’ainsi il n’y a pas lieu de s’astreindre à donner à chaque section un nombre égal d’électeurs, ce qui présenterait d’ailleurs dans l’exécution des difficultés insurmontables ; que, dans la division en sections, le nombre des métiers doit surtout être pris en considération pour rendre cette division aussi égale que peut le permettre la nature des localités et des rapports qui existent entre les électeurs-prud’hommes ;

Considérant, quant aux conditions d’éligibilité, qu’il est nécessaire que les ouvriers des différens quartiers soient représentés au conseil des prud’hommes, non-seulement par des élus de leur choix, mais encore par des hommes qui habitent au milieu de leurs commettans, puisque, outre les fonctions de juges, les prud’hommes ont à exercer une surveillance sur les ateliers, et qu’il est convenable qu’elle ait lieu pour chacun d’eux à la proximité de son domicile, parmi les ouvriers qu’ils connaissent et sur lesquels ils ont de l’influence ; que cette communauté d’intérêt et de vues qui résulte du bon voisinage, rendra plus faciles encore les fonctions d’arbitres et de conciliateurs, qui sont les plus précieuses attributions des prud’hommes, et qu’ainsi il est nécessaire de prescrire que chaque section élise dans son sein son conseiller-prud’homme ;

Considérant, en outre, qu’il résulte de l’ensemble de la législation électorale, dont l’esprit général a dû nous guider dans l’appréciation de ces questions, que la loi sur l’élection des députés dispose qu’ils seront choisis parmi les hommes réunissant à la capacité électorale certaines conditions spéciales qu’elle impose ; que la loi municipale veut également que les conseillers municipaux soient pris parmi les électeurs communaux, qu’ainsi il y a lieu de prescrire, que les conseillers-prud’hommes seront choisis, chacun dans leur section, sur la liste des électeurs-prud’hommes ; arrêtons :

titre ier

Election des Prud’hommes, marchands-fabricans.

Art. 1er L’assemblée générale des marchands-fabricans de soierie pour l’élection de neuf membres au conseil des prud’hommes de Lyon, est convoquée pour le mercredi 11 avril prochain, à huit heures du matin ; elle se tiendra dans la salle de la Bourse au palais St-Pierre, sous notre présidence ou celle du conseiller de préfecture que nous déléguerons.

Art. 2. En exécution de l’art. 17 du décret du 11 juin 1809, un secrétaire et deux scrutateurs seront nommés par nous ou par celui des conseillers de préfecture que nous aurons chargé de présider l’assemblée.

Art. 3. L’élection des neuf prud’hommes aura lieu par un scrutin de liste, à la majorité absolue des suffrages, dans un premier tour de scrutin, et s’il y a lieu, à la majorité relative, au second tour de scrutin ; les bulletins seront écrits, dans la salle de l’assemblée, sur une table disposée à cet effet.

[3.1]titre ii.

Election des Prud’hommes, chefs d’ateliers.

Art. 4. Pour l’élection des huit prud’hommes chefs d’ateliers ou ouvriers en soierie, la ville de Lyon et les communes de la Guillotière, la Croix-Rousse, Vaise et Caluire, sont divisées en huit sections, comme nous l’avons annoncé dans notre précédent N°.

Art. 5. Les électeurs chefs d’ateliers ou ouvriers des huit sections, sont convoqués pour le dimanche 15 avril prochain, à sept heures du matin.

Art. 6. Les électeurs de chaque section se réuniront dans les locaux qui leur sont assignés ci-après, savoir :

La Ire section, dans la salle de la Bourse, au palais St-Pierre.
La 2me, dans la salle de la Bibliothèque, ou Collège royal.
La 3me, dans la salle de la Loterie.
La 4me, dans la salle d’audience des assises, au palais de Justice, place de Roanne.
La 5me, dans l’une des salles du Tribunal civil, place St-Jean.
La 6me, dans la salle de M. Orsière, Grande place de la Croix-Rousse.
La 7me, dans la salle de la mairie de la Croix-Rousse.
La 8me, à la mairie de la Guillotière.

Art. 7. L’assemblée du premier arrondissement sera présidée par nous, ou par le conseiller de préfecture que nous déléguerons.

Art. 8. Les assemblées des 2e, 3e, 4e et 5e sections seront présidées, l’une par le maire de Lyon, ou celui des adjoints qui en remplira les fonctions, et les trois autres, chacun par l’un des adjoints ou des conseillers municipaux désignés par le maire.

La 6me section sera présidée par l’adjoint remplissant les fonctions de maire de la Croix-Rousse ; la 7me sera présidée par l’un des autres adjoints ou par l’un des conseillers municipaux délégué à cet effet par l’adjoint exerçant les fonctions de maire de cette commune ; la 8me section sera présidée par le maire de la Guillotière.

Art. 9. Conformément à l’art. 17 du décret précité du 11 juin 1809, le président de chaque section nommera un secrétaire et deux scrutateurs.

Art. 10. L’assemblée de chaque section élira au scrutin secret, à la majorité absolue des suffrages, au premier tour de scrutin, ou, s’il y a lieu, à la pluralité des voix dans un second tour de scrutin, un prud’homme parmi les électeurs de la section, âgé de trente ans accomplis.

Les bulletins seront écrits, dans la salle de l’assemblée, sur une table disposée à cet effet.

titre iii.

Dispositions générales.

Art. 11. Les électeurs prud’hommes recevront à domicile, par les soins de MM. les maires, une lettre de convocation qui leur servira de carte d’entrée dans l’assemblée de leur section.

Art. 12. M. le maire de Lyon fera dresser, d’après les listes générales, la liste particulière des électeurs qui doivent composer chacune des cinq premières sections.

Celles des 6e et 7e sections seront dressées par les soins de M. le maire de la Croix-Rousse.

Celle de la 8e section sera dressée par les soins de M. le maire de la Guillotière.

Ces listes de sections seront soumises à notre visa : elles seront dressées en trois ampliations, dont une sera affichée dans la salle de chaque assemblée.

[3.2]Art. 13. Les assemblées des électeurs prud’hommes observeront, au surplus, les formes prescrites pour les élections communales, dans tout ce qui n’est pas contraire aux dispositions prescrites par le présent arrêté.

Art. 14. MM. les maires de Lyon, de la Guillotière, de la Croix-Rousse, Vaise et Caluire, sont chargés de l’exécution du présent arrêté, chacun en ce qui le concerne.

A Lyon, hôtel de la préfecture, le 31 mars 1832.

Le préfet du Rhône, gasparin.

NOUVEAU CONSEIL DES PRUD’HOMMES.1

Un arrêté de M. le préfet fixe les élections pour le conseil des prud’hommes au dimanche 15 avril courant.

Nous allons voir enfin se composer un conseil duquel on attend une nouvelle jurisprudence et la cessation des nombreux abus qui pèsent depuis si long-temps sur la fabrique d’étoffes de soie de Lyon. Nous savons gré au premier magistrat du département du préambule qui précède son arrêté, et quoi qu’en disent nos adversaires, nous rendrons toujours justice à ceux qui comprendront la haute mission qui leur est confiée ; car les prolétaires sont aussi leurs administrés.

Nous attendions l’arrêté de M. le préfet, pour soumettre à nos lecteurs quelques réflexions sérieuses, réflexions suggérées par le doute où a laissé les électeurs et les éligibles l’ordonnance royale, et que malheureusement nous ne pouvons point éclaircir.

Cet arrêté donne quelques instructions aux électeurs soit sur l’âge pour être éligible, qui est celui de 30 ans ; soit sur le domicile de l’éligible qui doit être dans sa section. Mais l’arrêté de M. le préfet n’a pu remplir une lacune de l’ordonnance, et les chefs d’ateliers ignorent quelle sera la durée des fonctions des membres du conseil, et comment ce conseil sera renouvelé ; s’il le sera intégralement, par moitié ou par tiers ; dans ce dernier cas, nous ne savons pas comment il serait possible, vu que les chefs d’ateliers n’auront que huit prud’hommes ; de même, le renouvellement par moitié ne serait pas égal pour les prud’hommes négocians, puisqu’ils seront au nombre de neuf. Peut-être pense-t-on laisser en vigueur les décrets de l’empire en ce qui concerne la durée des fonctions de prud’hommes ; c’est ce que nous ignorons. Il nous semble, et ce n’est qu’une simple opinion que nous émettons, que les membres du conseil devraient être renouvelés par quart, c’est-à-dire on tirerait au sort les séries sortantes de deux prud’hommes pour les quatre années, et le conseil se renouvellerait ainsi, sans que sa jurisprudence puisse être changée brusquement, ce qui pourrait compromettre les intérêts des parties.

Il resterait toujours assez de membres anciens pour expliquer aux nouveaux cette jurisprudence ainsi que les moyens de l’appliquer, et dans le conseil on verrait régner cette harmonie si utile à la justice.

Dès que nous serons fixés sur les causes qui nous ont suggéré ces réflexions, nous aurons soin d’en instruire nos lecteurs.

Nous profitons de cette circonstance pour faire un appel à ceux qui penseraient négliger d’accomplir le droit que leur confère l’ordonnance royale.

M. le préfet a fixé au dimanche le jour de chaque élection. Son intention évidente est donc que tous les chefs d’ateliers puissent concourir à l’élection de leurs juges. Ainsi, lorsque les magistrats mettent tant de bonne volonté à remplir un devoir, c’est un tort bien grave de la part des administrés de ne point en profiter. Nous pensons donc que tous les électeurs seront à leurs postes [4.1]le jour des nominations, car de leur zèle et de leur fermeté dépendent leur bonheur et la prospérité de leur industrie.

administration du dispensaire de lyon.

Instruction sanitaire sur les épidémies.  

Des causes de perturbation générale terrestres et atmosphériques semblent de nos jours disposer les populations à des maladies épidémiques. Celles-ci sévissent en général dans les villes ou les habitans sont agglomérés dans des quartiers resserrés, mal construits et malpropres. Il importe d’éclairer la classe ouvrière, si nombreuse dans notre cité, sur les moyens propres à prévenir ces fléaux, ou à les rendre moins meurtriers. Les mesures d’hygiène publique étant du ressort de l’autorité, nous nous bornerons à quelques conseils de salubrité individuelle.

On a remarqué que les personnes douées d’un caractère ferme et sans peur, sont rarement atteintes des maladies épidémiques ; celles qui se livrent avec calme au service des malades, en sont presque toujours exemptes. Il ne faut donc pas se laisser effrayer par des noms ou par des rapports évidemment exagérés. Chacun peut se livrer avec sécurité aux plus douces affections dans les soins à donner aux membres de sa famille ou à ses amis, en prenant d’ailleurs les précautions hygiéniques dont nul ne peut se dispenser impunément. La peur affaiblit la constitution en général et l’empêche de réagir avec force contre les causes de maladies. La colère produit des secousses funestes ; la débauche, les excès de tous les genres, les passions tristes, les veilles prolongées, un affaiblissement physique et moral favorisent les épidémies. Les passions douces et bienfaisantes, un repos de plusieurs heures pendant le jour, un exercice modéré, quand la saison et les occupations le permettent, un sommeil de six à sept heures favorisent au contraire les fonctions des organes, et entretiennent la santé.

Une alimentation saine et suffisante est d’une extrême importance. Autant que possible, ou unira un peu de viande aux substances végétales ; on rejètera celle qui sera altérée ou trop grasse, ou qui proviendra d’animaux trop jeunes. On choisera le poisson bien frais et les fruits bien mûrs, dans leur saison ; on les mangera en petite quantité ; on s’abstiendra des salaisons, et surtout de celles qui sont trop vieilles, ou préparées avec des substances nuisibles, comme l’alun, etc. Dans le cas ou l’épidémie viendrait à se déclarer, il faudrait aussi s’abstenir soigneusement des alimens indigestes ou très-aqueux, comme pâtisseries, choux, melon, radis, salade, etc., manger peu de farineux, à l’exception du pain et des pommes de terre, et faire prédominer le régime animal. Chacun doit se priver des substances qu’il digère mal.

Les alimens seront cuits convenablement, peu épicés et pris en quantité modérée ; les repas seront réglés. On boira modérément du vin de bonne qualité, peu acide et non frelaté, ou les boissons fermentées, dont les recettes seront délivrées à la pharmacie du dispensaire.

Les glaces en été et les boissons froides sont dangereuses quand on a chaud.

Parmi les eaux du voisinage, on choisira celle qui dissoudra mieux le savon, ou qui cuira le mieux les légumes. On rejètera celles qui reçoivent les filtrations des fausses d’aisance ou des canaux conducteurs des immondices : des eaux de ce genre ont souvent produit des vomissemens et des diarrhées d’une grande violence. A défaut de bonnes eaux, on filtrera sur du sable, du charbon ou des pierres de grès, celles qui ont mauvais goût ou mauvaise odeur ; on fera bouillir celles qui contiennent des sels de chaux et qu’on appelle crues. Les liqueurs spiritueuses [4.2]sont essentiellement nuisibles : on ne peut en abuser sous peine de la vie.

La propreté est encore une des conditions indispensables. On ne saurait trop blâmer l’insouciance de la classe ouvrière sous ce rapport. On entretiendra la propreté du corps par des bains domestiques de peu de durée, des bains aromatiques et des lotions fréquentes d’eau chaude, simple ou vinaigrée ; les vêtemens qui touchent la peau seront fréquemment lavés et renouvelés ; les chaussures seront chaudes et sèches, comme sabots, chaussons de laine. On fera des frictions sur la peau avec une flanelle imprégnée de vapeurs camphrées, d’eau de Cologne et autres liqueurs spiritueuses ou aromatiques. On se lavera la bouche avec une dissolution de 2 grains de chlorure de chaux dans une once d’eau pure. Tous les mélanges de substances végétales et animales avec le chlore sont de mauvaises préparations ; elles le font passer à l’état d’acide hydro-chlorique, et sont promptement détériorées par lui. Exemple : le mélange de chlore, d’esprit-de-vin et de quelque essence, l’huile de Cajeput chlorurée.

On ne laissera dans les cours, corridors ou allées rien qui puisse se pourrir, comme débris de végétaux, eau de lavage, etc. ; on se défera de tous les animaux domestiques inutiles, et l’on enlèvera promptement les ordures de ceux que l’on conservera ; les vases de nuits seront vidés de bonne heure et lavés ; les lieux d’aisance doivent surtout appeler l’attention des habitans. Dans les maisons ou un seul cabinet sert à plusieurs ménages, chacun à son tour doit être chargé d’y entretenir la propreté. La lunette sera tenue exactement fermée. Les propriétaires seront priés de faire les réparations les plus urgentes qui tiennent à la salubrité.

L’habitation des lieux bas et humides est très-pernicieuse ; il faut choisir de préférence une habitation élevée, sèche et qui puisse recevoir les rayons du soleil, au moins pendant quelques heures de la journée. On lavera les vitres ; on renouvellera l’air des appartemens en ouvrant les croisées plusieurs fois par jour ; les feux de cheminée ou de poêle sont aussi de bons moyens d’assainissement. On enlèvera l’humidité des appartemens en y plaçant du muriate de chaux desséché. Une demi-livre de ce sel, divisé dans des vases à large surface, absorbera, pour se fondre, une livre d’eau, quantité supérieure à celle contenue dans plusieurs chambres de moyenne grandeur.i

L’humidité des murs ne peut être empêchée que par des lames de plomb ou des enduits hydrofuges.

On détruira les mauvaises odeurs et les miasmes par les chlorures. Le chlorure de chaux sec est préférable ; son bas prix le met à la portée de tous les consommateurs. En le plaçant par petites fractions dans plusieurs points de l’appartement, la chaux absorbera l’acide carbonique formé par la combustion et dégagé par la respiration, et laissera échapper le chlore par un dégagement lent, continu, peu sensible à l’odorat et plus efficace. On se servira de sa dissolution dans l’eau pour désinfecter les vases de nuit, les lieux d’avance et les autres objets infectés.

Les fumigations de sucre brûlé, de genièvre, ne font que masquer la mauvaise odeur ; les fumigations nitreuses [5.1]et sulfureuses la détruisent, mais elles sont trop irritantes.

Les flacons à la Guyton de Morveau sont très-défectueux ; ils laissent dégager du chlore mêlé d’acide hydro-chlorique et de gaz nitreux, selon leur composition ; ils irritent la gorge et la poitrine.

Des médecins expérimentés et d’autres bons observateurs attestent que les cautères, les setons, les plaies, les maladies de la peau, ont préservé généralement des épidémies, dans des circonstances et des localités diverses, les personnes qui les portaient.

On a sagement recommandé d’entretenir la chaleur à la région de l’estomac, en le recouvrant d’une flanelle ; mais soit que l’on considère les épidémies comme causées par des miasmes putrides ou contagieux, soit que l’on regarde, avec quelques médecins recommandables, certaines d’entre elles comme dépendant d’une cause électromagnétique, il vaudrait mieux porter des ceintures de flanelle, recouvertes en dehors avec de la soie ; elles se chargeraient moins de miasmes putrides, et deviendraient de mauvais conducteurs de l’électricité. Des ceintures et des vêtemens de soie ne sauraient donc être trop recommandés à la classe aisée.

En résumé, les préceptes sont simples : esprit calme, bonne alimentation, tempérance, propreté, habitation saine, exercice modéré, repos et sommeil suffisans ; telles sont les conditions les plus propres à se préserver des influences épidémiques.

Signé : Les Membres du Comité médical.

L’administration du dispensaire a adopté la présente instruction, et en a voté la publication dans sa séance du 29 décembre 1831.

Lyon , le 3 avril 1832.

Les Administrateurs membres du bureau.


i Quand le muriate de chaux sera fondu, on réunira toutes les dissolutions dans un vase de grès, que l’on placera sur le poêle, afin de le dessécher de nouveau. Ce vase portera un couvercle de ferblanc, percé dans son milieu, et donnant naissance à un conduit de même métal, qui ira s’aboucher dans le tuyau du poêle, au moyen d’une ouverture latérale, que l’on bouchera quand l’opération sera terminée. On n’aura pas besoin de cet appareil avec un feu de cheminée.

Toutes les mesures d’hygiène pour se préserver du choléra, s’accordent à recommander une bonne nourriture, des vêtemens chauds, des chaussons de laine, des gilets ou des ceintures en flanelles doublées de soie à l’extérieur, des gilets et des robes de soie. Parmi les personnes attaquées du choléra à Paris, on a remarqué qu’il n’y en avait presque point qui portaient de la soie pour vêtemens, et que pas un seul teinturier n’a été attaqué. La soie et les drogues qui entrent dans les préparations qui servent à la teindre, sont regardées comme un préservatif de cette maladie. Un médecin allemand a prétendu que le choléra n’était autre chose qu’un insecte imperceptible qui s’introduisait dans le sang par les pores et en arrêtait la circulation. Dans cette supposition, les étoffes de soie seraient encore un des meilleurs préservatifs

Les souscriptions en faveur des indigens de cette ville paraissent devoir être fructeuses. Une première liste de souscription s’élevait, hier matin, à la somme de 1,510 f. Elle a dû s’augmenter dans la journée, et des quêtes à domicile seront faites ; elles sont autorisées par la mairie.

Il est, dit-on, question de former un camp près de Lyon. Le ministère de la guerre a ordonné de diriger sur cette ville un grand nombre de tentes.

Le nombre des ballots de soie entrés à la Condition des soies, du 1er au 31 mars, s’est élevé à 1,324. Ce nombre dépasse celui des mois précédens ; il est regardé comme [5.2]celui des temps de grande prospérité. Dieu veuille que cette activité se soutienne, et que le prix des façons s’élève à un prix raisonnable et comparable à cette activité.

M. B. Rolland nous adresse la lettre suivante en réponse à notre article sur son projet d’association, inséré dans notre avant-dernier numéro, et nous prie de l’insérer. Nous nous empressons de satisfaire à sa demande parce que dans le projet de M. Rolland, nous trouvons des pensées dignes d’être méditées par tous ceux qui veulent le bien de la classe industrielle, et quoique nos opinions soient différentes sur quelques points de celles de M. Rolland, nous devons rendre justice à ses bonnes intentions.

Au rédacteur.   

Monsieur,

Vous êtes dans l’erreur si vous croyez que je veuille faire de l’aristocratie. Cette pensée ne saurait appartenir ni à ma position ni à ma manière de voir : je veux de la justice, toujours je la voudrai ; je tiens à vous convaincre qu’elle existe dans les articles de règlement que vous critiquez.

Avant toute autre question, il en est une essentielle sur laquelle il est rigoureusement nécessaire de tomber d’accord, je crois que vous devez être convaincu, du moins je l’admets, c’est que les ouvriers en soie ne peuvent pas, par leurs seules ressources, suffire à toutes les charges d’une association qui doit pourvoir à tant de résultats.

Secours en cas de maladie, secours en cas de cessation de travail, encouragemens pour le travail, pour l’assiduité, pour la conduite, pour l’instruction, fondation d’une bibliothèque industrielle, nonobstant ceux qu’il reste à signaler, et dans le nombre desquels on pourrait introduire le projet d’une caisse de prêt, celui de l’assurance des locations, qui tendrait plus efficacement qu’aucun autre moyen à la rédaction du taux des loyers.

Jamais seuls, les ouvriers ne pourraient atteindre ce but : à qui donc recourir ? à ceux qui peuvent y trouver convenance ; il est dans celle de tous les citoyens, il est de leur intérêt d’y parvenir, et ils consentiront à y contribuer ; mais vous conviendrez que la proposition telle que vous la posez n’est pas engageante pour eux, et si je ne me trompe, elle se résume en ces mots : « Apportez, mais pour rendre l’action plus honorable, laissez-nous le soin de la distribution. » Entendons-nous, ce n’est point un langage que je vous prête, à vous personnellement, c’est à l’industriel qui a cette pensée, que je m’adresse.

Qu’il permette qu’à cette proposition, nous qui aimons sincèrement l’ouvrier, nous qui lui désirons la plus grande part possible de bien-être ; qui la désirons dans son intérêt comme dans le nôtre, parce qu’ils se trouvent liés l’un à l’autre. Nous qui sommes ouvriers aussi, ou industriels, car tout est industrie aujourd’hui, nous lui répondions par votre propre argument : « On doit penser à l’avenir », et supposer que les hommes qui seront aujourd’hui à la tête de l’association, comme industriels, peuvent être remplacés par d’autres qui ne seront pas aussi profondément pénétrés du véritable esprit de l’association, il se pourrait alors que ceux chargés de l’administration, prodigueraient les ressources de l’association, et entraîneraient sa ruine. Alors les sociétaires honoraires verraient leurs sacrifices rester infructueux.

Je suis intimement convaincu qu’aujourd’hui surtout, les ouvriers en soie entendent assez leurs véritables intérêts [6.1]pour que jamais une pareille calamité fût à craindre ; mais comme les bons comptes font les bons amis, réglons les choses de manière à ce que jamais ou le moins possible, il puisse y avoir des empiétemens de prérogatives.

Pour cela, reconnaissons d’où ils pourraient partir ; vous avez désigné les sociétaires honoraires, je crois plutôt que vous avez pensé désigner les fabricans ; prenez pourtant bien garde que tous les honoraires ne sont pas fabricans, que même relativement à la population, ils n’y seront qu’en beaucoup plus petit nombre, et cependant vous ne vous occupez que d’eux et de vous.

Mais nous qui ne sommes pas plus fabricans qu’ouvriers en soie, nous qui voulons la plus grande somme de bonheur et de prospérité pour tous, nous qui, dans ce but, apportons notre offrande, notre contribution comme eux, vous nous comptez pour rien : vous conviendrez que ce n’est ni juste ni même politique ; car non seulement il est probable que nous serons les plus nombreux, surtout pendant les premières années, mais j’admets que nous devons exercer l’influence la plus utile, la plus heureuse.

(La suite au prochain N°).

au même.   

Monsieur,

Veuillez signaler dans votre estimable journal les faits suivans : Quelques fabricans, forcés de donner des tirelles à raison de 15 grammes, et ne voulant pas que la masse des ouvriers en soit instruite, prient les chefs d’ateliers de n’en rien dire, et payent incognito : de ce nombre, est M. Michel, fabricant, place de la Comédie.

Je dois vous signaler aussi la maison Brisson, qui fait fabriquer les gros de Naples 11/24 à 80 c. l’aune, tandis que M. Ch. Depoully les paye 95 c.

Agréez, etc.

Vincent.

les cages et le choléra.1   

Le choléra est un fléau ; Dieu nous garde de nous rire de lui, surtout lorsqu’il est notre proche voisin. Cependant nous ne conseillons pas à nos lecteurs de s’en effrayer, et si les riches font leurs paquets, si l’émigration est résolue de la part des financiers ; que les industriels vaquent à leurs travaux avec calme ; le fléau ne reconnaît point d’innégalité ; il frappera aussi bien le riche dans sa fuite que le pauvre au seuil de sa demeure.

Nous devons à notre tour calmer l’inquiétude de la classe qui nous intéresse ; les feuilles publiques, en général, donnent le choléra comme n’attaquant que les classes pauvres, nous pouvons prouver le contraire ; en Pologne, en Russie, des grands de la cour, des ducs, des barons en sont morts, et le vainqueur des Balkans, celui qui devait faire avec ses Cosaques une promenade militaire jusqu’à Paris, a succombé frappé par le choléra dans cette Pologne qu’il n’avait pu vaincre.

Le choléra a, dit-on, déjà amené des améliorations parmi nous, et comme dit le proverbe, à quelque chose malheur est bon. Aussi plusieurs négocians ont fait élargir les cages de leurs magasins ; d’autres les ont rendues plus saines par des courans d’air, on en cite même qui ont placé, dans ces lieux autrefois insalubres, des vases de chlorure de chaux. Vous voyez pourtant ce que c’est que l’empire de la peur ! philosophes, ventez la morale, c’est bien sans doute ; hommes compatissans, ventez la philantropie, c’est encore bien, mais tout cela n’est rien en comparaison de la peur…

La morale, la philantropie réclamaient depuis long-temps ces améliorations, il n’en était rien. Le choléra paraît en France, et voilà que la peur fait plus que les [6.2]réclamations faites par des milliers d’ouvriers, voir même les critiques sévères des journalistes.

Mais surpris de ce changement subit, chacun se dit, est-ce pour les ouvriers qu’il a eu lieu, afin de les préserver du fléau, ou, est-ce de peur que ces ouvriers, la plupart indigens, n’apportent l’épidémie à messieurs du magasin ? je ne sais, mais cette dernière version est la plus accréditée. N’importe, nous félicitons ceux qui, par mesure sanitaire, ont aéré leurs cages ou les ont fait élargir. Nous pensons que si le fléau nous visite, ce que certes nous ne souhaitons pas, on les fera disparaître tout-à-fait, et peut-être par pudeur on n’osera pas les rétablir. Les ouvriers dont les réclamations contre ce genre de prisons avaient été infructueuses, se rappelleront du passage du choléra, et répèteront avec nous : à quelque chose malheur est bon.

- La cour de cassation, sur les conclusions de M. Dupin, procureur-général, a accueilli la demande de la cour royale de Lyon, qui sollicitait, pour cause de sûreté publique, le renvoi devant une autre cour d’assises de tous les individus accusés, les uns du crime d’incendie, de destruction, de rébellion ; les autres du crime de vol avec différentes circonstances aggravantes, par suite de l’instruction judiciaire, à laquelle ont donné lieu les événemens de Lyon, en novembre dernier ; ils seront traduits devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme.

- Le Précurseur d’hier contient, au sujet de cette translation, un article fort remarquable et plein d’intérêt.

- M. Granier, gérant de la Glaneuse, prévenu du délit de la presse, et dont la santé est fort altérée, vient d’être transporté à Riom, ainsi que les autres prévenus.

Grenoble. - Le désarmement de la garde nationale ne s’opérant pas assez promptement, l’autorité vient d’ordonner des visites domiciliaires.

NOUVELLES DIVERSES.

Paris, 1er avril. - Des troubles ont eu lieu hier et aujourd’hui sous divers prétextes ; les principaux étaient les chiffonniers, qui se plaignaient que par le nouveau mode de nettoyage il ne leur était plus possible de gagner leur vie, s’étant rassemblés en grand nombre, ils ont détruit les nouveaux tombereaux ; ils se sont ensuite portés à la prison de Sainte-Pélagie, pour y forcer la prison, en même temps que les prisonniers qui s’étaient aussi révoltés avaient déjà arrachés plusieurs barreaux et détruit des pans de muraille. La garde municipale étant arrivée, a été obligé de faire usage de ses armes, quelques coups de feu ont été tirés, un prisonnier a été tué, et une trentaine des perturbateurs ont été arrêtés : la tranquillité s’est rétablie ; mais le peuple ne croyant pas à la présence du choléra, s’installe dans les cabarets, pour prouver que le vin et l’eau-de-vie ne sont pas aussi nuisibles que les médecins veulent le faire croire.

- Des bruits courent toujours sur des tentatives d’empoisonnement chez les marchands de vin. Sur le quai de la Ferraille, on marchand qu’on accusait d’avoir des brocs empoisonnés, a voulu déguster son vin devant ses pratiques, et il est tombé mort.

- Depuis la présence, à Paris, du choléra jusqu’au 3 avril, quatre heures du soir, 1,052 personnes en ont été attaquées, et sur ce nombre, 395 sont morts.

- Mgr. le duc d’Orléans est allé à l’Hôtel-Dieu visiter les malades du choléra. Il a été reçu par MM. Périer, d’Argout1, de Bondy2, etc., et tous les médecins de l’hôpital ; il était accompagné de ses aides-de-camp et de ceux de la maison du Roi. Le prince s’est arrêté à chaque lit, a parlé à ceux des malades qui pouvaient l’entendre, les a touchés et leur a adressé des paroles consolantes ; plusieurs pétitions lui ont été remises. Après avoir demeuré trois quarts d’heure au milieu des malades, et avoir adressé des remercîmens aux médecins, le prince s’est retiré. Cette visite de l’héritier du trône, qui ne craint pas de braver les dangers pour visiter la classe populaire, a produit le meilleur effet sur les esprits.

- Des dons considérables viennent d’être faits, à la municipalité, pour être partagés aux bureaux de bienfaisance, qui distribuent de la viande, du bouillon et du linge aux indigens. Le conseil municipal a décidé qu’une somme de 150,000 fr. serait mise à la disposition du préfet de police, et que les allocations des bureaux de bienfaisance seraient augmentés de 50,000 fr. ; la maison du Roi a versé, pour cet emploi, une somme de 108,000 francs ; chacun des ministres a versé [7.1]1,000 francs ; M. Aguado a versé 5,000 francs. Diverses souscriptions sont ouvertes à la caisse municipale, chez les notaires et dans les bureaux de plusieurs journaux.

- L’autorité a ordonné que pendant toute la durée du choléra à Paris, les détenus dans les différentes prisons de la capitale, recevraient chaque jour une ration de viande et une ration de vin. On assure que, dans le cas où le choléra se manifesterait dans les prisons, on mettrait en liberté les prévenus des délits peu graves, et les condamnés à des peines de simple police ou de police correctionelle.
(Constitutionnel.)

- La proposition de la loi relative au rétablissement du divorce, a été rejetée par la chambre des pairs, par 78 voix contre 43.

- Toutes les nouvelles de Paris s’accordent à dire qu’il n’est malheureusement que trop réel, que diverses tentatives d’empoissonnemens ont eu lieu chez les marchands de vins et autres comestibles. Le peuple de Paris est dans une consternation terrible.

St-Etienne - Les forges de St-Julien ont en ce moment une commande de 20,000 obus de 6 pouces, du poids de 20 kil. ; 30,000 de 8 pouces, du poids de 22 kil. ; 10,000 boulets de 24, et 10,000 boulets de 12.

Les prix des soies sont toujours en faveur, et la condition des soies a reçu 504 ballots, du 1er au 31 mars.

Cours des soies. - Organsins pays, 27 fr. 50 c. et 31 à 32. - Piémont, 28 fr. 50 c. et 29 fr. 50. – Blanc pays, 33 et 36 fr. - Blanc Piémont, 31 et 33 fr.

Avignon - Cours de soies. - Cet article s’est raffermi depuis la semaine dernière : Grèges, 17 fr. 50 c. la livre, soit 245 l. p. 100 kil. Trames de 28 fl. de 60 c. la livre, soit 316 l. p. 100 kil. Organsins, 29 fl. ½ de 60 c. la livre, soit 316 p. 100 kil. Bonification de 9 p. 100.

A Cavaillon, les titres fins deviennent rares, et les belles trames se sont biens vendues. La demande est aussi très-active sur les marchés d’Aubenas et de Bagnols.

Les achats en soierie s’étant continués à Avignon, toute la marchandise fabriquée s’est écoulée à 25 c. de hausse.

Strasbourg. - Des demandes considérables et assez suivies ont eu lieu en tissus et cotons propres à l’impression. Les ouvriers sont recherchés et les salaires commencent à s’élever. La draperie s’est ranimée également. La reprise des expéditions et le transit des articles du Midi donnent du mouvement aux entrepôts.

Elbeuf. - Notre fabrique vient de prendre une grande activité. Les teinturiers ne peuvent suffire aux exigances des fabricans, et ces derniers sont obligés de recourir aux teinturiers de Louviers. Les prix de vente ont haussé de 7 à 8 p. 100 sur la marchandise courante.

Metz. - En jetant les fondations d’un marché couvert, on a découvert, à 12 pieds de profondeur, dans l’emplacement d’un ancien couvent, plusieurs cadavres d’hommes, ayant les fers aux pieds, aux mains et aux col, et qui paraissaient avoir été jetés vivans dans des niches qu’on avait ensuite murées.

Calais. - Le choléra a éclaté dans cette ville. La classe pauvre en a été la première atteinte ; plusieurs individus sont morts, principalement les gens vivant dans l’ivrognerie et la malpropreté.

- Le choléra vient d’éclater à Etampes, à Tours et à Cahors.

Belgique. - Le gouvernement vient de décider, sur la demande de plusieurs chambres de commerce, d’envoyer un agent spécial à Paris, afin d’y solliciter, contre des concessions extrêmement larges et favorables pour la France, une diminution notable sur les droits d’entrée qui frappent les principaux produits que nous envoyons dans ce royaume, tels que nos toiles et nos bestiaux.
(Journal des Flandres.)

Londres, 30 mars. - Le bulletin sanitaire de la journée d’hier, ne présente qu’un malade de plus que celui de la veille. Il y a eu, dans les vingt-quatre heures, 64 cas nouveaux, 34 morts et 29 guérisons. Il y avait encore 127 malades. Le total général depuis le commencement de la maladie, porte 1,729 malades et 915 morts.

Naples - Le tremblement de terre qui a eu lieu à Cozanza et à Catanzaro, a fait périr 700 personnes.

Italie, Assises. - Le fléau qui désole ce pays est terrible. Dans la nuit du 12 au 13 mars dernier, on a ressenti plusieurs secousses qui ont fait écrouler les maisons déjà lésardées. La population est obligée de passer les nuits à la belle étoile. La Bastia et la Carama, sont pour ainsi dire, au niveau du sol. Les habitans sont dans la plus affreuse misère et entourés de ruines de tous côtés.

Reggio - Les dernières secousses que cette ville a éprouvées, ont renversé plus de 2,000 cheminées. Les maisons sont tellement lesardées, que l’on ne trouve plus de fer en barre pour consolider les murs.

CONSEIL DES PRUD’HOMMES.

[7.2]Séance du avril.

(présidée par m. guérin.)

La séance est ouverte à 6 heures et demie. Les causes qui ont offert quelqu’intérêt, sont les suivantes :

Le sieur Marion, fabricant de tulles bobins, a fait, il il y a trois mois, une signification à son contre-maître, par laquelle il le met hors de chez lui, n’étant pas content de sa gestion. L’affaire avait été portée au tribunal de commerce, qui a renvoyé les parties pardevant le conseil. Le contre-maître explique au conseil que, par les conventions qu’il a faites avec le sieur Marion, il a encore deux ans à rester chez lui, et qu’un défrayement doit lui être alloué ; il y a trois mois qu’il a été forcé de sortir de l’atelier, et depuis lors il est resté sans place.

Le conseil, après avoir entendu le rapport de la section des tulles, déclare qu’il n’y a pas lieu à casser les conventions ; et que dans le cas ou le sieur Marion ne voudra pas recevoir son contre-maître, il sera tenu de lui payer, à titre d’indemnité, la somme de 800 fr., sans y comprendre la somme qui lui revient du bénéfice des apprentis de l’atelier.

Le sieur Ponson expose au conseil que venant de fabriquer sept pièces de gros de Naples au sieur Grillet, il se trouve en solde de 80 gr., sur une pièce levée avec le rouleau et le remisse, que cette pièce n’a pas été pesée, et que le poids a été marqué au gré du négociant. Le sieur Ponson réclame en outre des tirelles sur les sept pièces. Le sieur Grillet répond qu’il a agi de confiance avec cet ouvrier, que c’est lui qui a été chercher la pièce et les ustensiles chez la personne qui ne pouvait plus continuer, et que le poids de cette pièce a été marqué, déduction faite d’une aune qui avait été fabriquée, que pour les tirelles, il a reçu des peignes qui avaient chacun une petite tirelle en coton, et qu’il ne peut par conséquent les recevoir et les payer ; il montre au conseil les tirelles et les peignes.

Le sieur Ponson réplique que les peignes et les prétendues tirelles ne sont que quelques coups de coton pour tenir les fils, et ne pèsent ensemble que dix gr.

Le conseil déclare qu’il est d’usage, lorsqu’un ouvrier se charge d’une pièce levée, que les comptes soient respectivement balancés, que les tirelles sont dues de droit au chef d’atelier, et qu’il est d’usage d’accorder 15 gr., chaque pièce pour cet effet.

Le négociant demande que son livre soit examiné et que l’on fasse sur les tirelles qu’il doit accorder, déduction de celles en coton qu’il a reçuesi. Le conseil accorde et nomme M. Bouillon pour examiner les livres.

Le sieur Ponson réclame en outre des tirelles sur les sept pièces.

Le sieur Gagnieu réclame aux sieurs Velay et Pascal, sur un velours uni, le prix de 5 fr. par aune qui lui avait été précédemment payé. La dernière coupe qu’il vient de terminer étant plus large que les précédentes, devrait, par conséquent être plutôt augmentée que diminuée. Le sieur Vélay vient, contre son attente, de porter au prix de 4 fr. 50 c. cette dernière coupe. Le négociant répond que cette coupe a été longue à se fabriquer, qu’elle n’est pas de bonne fabrication, et prétend même faire lever le reste de sa toile, 30 aunes environ.

Le conseil, attendu qu’il n’y a pas eu de prix marqué à cette pièce, déclare qu’elle doit être portée au même prix que la précédente, que le négociant ne peut pas faire [8.1]lever sa toile sans le consentement de l’ouvrier, ou lui donner un défrayement. Le sieur Gagnieu consent à laisser lever sa toile. Les parties sont ainsi conciliées.

L’affaire de la dame Cuissard, avec son propriétaire, le sieur Robert, de laquelle nous avons rendu compte dans notre numéro précédent, est appelée de nouveau.

La dame Cuissard réclame un défrayement de la somme de 530 fr., soit pour ses harnais qui ont été brisés, soit pour le temps qu’elle a perdu, soit enfin pour les dépenses qu’elle a faites ayant été obligée de déménager, par suite de l’écroulement du plancher.

Le sieur Robert réplique à cette demande, par des dénégations insignifiantes, et offre de donner pour défrayement à la dame Cuissard, une année de sa location.

Cette proposition est rejetée par la dame Cuissard.

Attendu que les membres nommés par le conseil pour arbitres ont déclaré avoir vu et vérifié les dégâts produits par la chute du plancher, lesquels ont été évalués tant pour les ustensiles de fabrique, que pour les dommages et intérêt du temps perdu, à la somme de 265 f., le conseil condamne le sieur Robert à payer cette somme à la dame Cuissard, sans toutefois y comprendre les réclamations portées devant la justice de paix, pour les objets mobiliers que les membres du conseil n’ont pu expertiser, ni les droits du sieur Drevet, déjà reconnus par le sieur Robert.

Le sieur Escot réclame au sieur Gorgeon un défrayement de la somme de 200 fr. pour avoir gardé et nourri son fils en qualité d’apprenti, pendant l’espace de neuf mois. Le père de l’apprenti répond que n’ayant pas encore passé d’engagemens avec le sieur Escot qui plusieurs fois lui avait dit que son fils ne faisait pas de progrès dans l’état, il avait cru devoir le retirer, sans pour cela se croire tenu à une indemnité envers le sieur Escot, puisque son fils lui avait servi de domestique.

Attendu que les ouvriers ne prennent pas les jeunes gens pour domestiques, mais pour apprentis, le conseil condamne le sieur Gorgeon à payer au sieur Escot la somme de 50 fr. par jour montant à 130 fr.


i Nous avons pu remarquer que le total des bouts de tirelles en coton ne pèserait pas plus de 5 gr. ; jusqu’où va la spéculation.

- La somme de 50 fr. restant de la souscription des chefs d’ateliers habitant la façade gauche de la Croix-Rousse, faite par le sieur Buffard, vient d’être partagée entre cinq blessés.

ANNONCES DIVERSES.

bascule-rouleau.

Le sieur Cuzin, fabricant d’étoffes, rue de Flesselles, n° 2, au 2e étage,

[17] Prévient le public qu’il a déposé une Bascule-rouleau de son invention au conseil des prud’hommes, qui l’a autorisé à en conserver la propriété pendant quatre années. Le sieur Cuzin, afin de livrer ces Bascules à bas prix, vient d’en faire confectionner dans toutes les largeurs ; il se charge également de les placer et fait des envoi pour le dehors.

Ce nouveau procédé offre l’avantage, 1° de ne point embarrasser le derrière du métier, le bec de la bascule et sa charge étant sur le devant ; 2° de tenir, avec un poids de 10 livres, la chaîne aussi tirante que 40 livres sur les bascules ordinaires, et 150 livres à besace ; 3° de tenir toujours la chaîne également tirante, en lui conservant beaucoup de jeu ; 4° d’économiser les cordes qui ne s’usent presque pas. (Voir le N° 21, du 18 mars.)

lampe météore.

[9] Le sieur Galland fils, ferblantier, rue des Farges, n° 112, prévient le public qu’il est l’inventeur de la Lampe météore, qu’il vient de déposer au conseil des prud’hommes qui, par ce dépôt, l’a autorisé [8.2]à en conserver la propriété pendant cinq ans. Cette lampe, qui se fabrique de diverses formes, en fer-blanc, étain et cuivre, offre de grands avantages ; d’abord elle ne donne aucune ombre, sa clarté est du double de celles qui ont été en usage jusqu’à ce jour ; mais, ce qui la rend indispensable aux chefs d’ateliers, c’est qu’elle ne consomme qu’une once et demie ou 45 grammes d’huile en sept heures.

Ses dépôts sont :

Chez MM, Bel, négociant, rue des Capucins, n° 7 ;
Paquet, épicier, rue Vielle-Monnaie, n° 27 ;
Schuslre, plieur, rue Donnée, n° 4, au 4me ;
Mougeolle, menuisier, rue Belle-Lièvre, près la place.
Galland aîné, ferblantier, place du Plâtre, n° 4 ;
Peyzaret, rue d’Orléans, n° 7, aux Broteaux.

david, mécanicien breveté,

Place de la Croix-Paquet, au bas de la côte Saint-Sébastien,

[7] Prévient le public qu’il est l’inventeur des mécaniques simplifiées à dévider et à faire les canettes, qui se font très-bien par son procédé, même à autant de bouts qu’on désire. Les canettes à un seul bout y sont prises à la flotte, et évitent le dévidage ; mais rien n’est comparable à l’avantage que procurent ses mécaniques à ceux qui emploient du coton, de la fantaisie et de la laine, où avec ses mécaniques ou ses rouets une personne peut, en six heures, faire autant d’ouvrage que deux canetières. L’inventeur, à qui une médaille a été décernée avec mention honorable par la société d’encouragement, confectionne ses mécaniques à la volonté de l’acheteur, dans toutes les dimensions, et également de tous les nombres de guindres, soit de formes longues, rondes et à fer-à-cheval, ou à volonté ; on peut exécuter deux ou trois de ces opérations à la fois. Le sieur David, pour se mettre à la portée des circonstances, a diminué ses prix, qui étaient déjà très-modérés.

roussy, breveté,

Rue des Marronniers, n° 5, au 2me, sur le derrière,

[8] Prévient le public que par suite des nombreuses recherches qu’il a faites, il est heureusement parvenu à inventer et perfectionner un nouveau Régulateur, déjà avantageusement connu sous le nom de Régulateur-contomètre, ainsi nommé par la commission d’industrie et de mécanique, pour sa simplicité et sa grande justesse. Les avantages que ce nouveau procédé est destiné à rendre à la fabrique de Lyon, sont incalculables ; car avec le Régulateur-contomètre, qui n’a pas de compensateur, l’ouvrier peut, 1° sans changer la roue ou le pignon, tisser tous les genres d’étoffes, dans toutes les réductions, depuis 20 jusqu’à 750 coups au pouce inclusivement ; 2° fabriquer, sans couper, le plus grand aunage possible sans être gêné au travail, l’étoffe ne faisant que passer sur le rouleau, et pouvant se rouler ou se mettre en caisse à volonté ; 3° être toujours sûr de son aunage, par l’agrément et la combinaison ingénieuse d’une roue qui, par son mouvement, marque l’aunage et sonne toutes les aunes ; 4° l’étoffe n’étant comprimée dans aucune de ses parties, les brocards brochés, dorures, y conservent tout leur relief, et sont à leur dernière perfection. Le sieur Roussy, à qui une médaille d’argent a été décernée par la société d’encouragement, qui a reçu les suffrages les plus flatteurs de ladite société et des négocians qui ont eu connaissance de son mécanisme, prévient qu’il fait confectionner ses régulateurs par un mécanicien avantageusement connu, et qu’il est en mesure de fournir aux personnes qui l’honoreront de leur confiance à un prix très-modéré.

AVIS.

[26] On demande à louer, pour maître, un métier 5/4 mécanique en 400, dans les environs de la rue Tholozan.

[23] A vendre, un atelier de 3 métiers, mécanique en 600, une en 400, et une petite mécanique d’armure et divers ustensiles, ensemble ou en détail, et un mettage en main de 4 grandes chevilles.

[24] A vendre, un bel atelier de 3 métiers en 6/4, mécaniques en 1,600 et 1,800. On cédera l’appartement, situé dans un bon quartier.
S’adresser au Bureau du Journal.

A vendre, une mécanique en 400, un battant 6/4 à double boîte, et un peigne 6/4 en 90 portées.
S’adresser chez M. Oray, cabaretier, rue Tholozan.

avis. Les adresses seront delivrées gratis aux ouvriers.

Notes (LYON.)
1 L’auteur de ce texte est Antoine Vidal d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

Notes (NOUVEAU CONSEIL DES PRUD’HOMMES.)
1 L’auteur de ce texte est Joachim Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

Notes (les cages et le choléra .    Le choléra est...)
1 L’auteur de ce texte est Antoine Vidal d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). Parti de Calcutta en 1817 une épidémie de choléra s’était répandue rapidement. Elle toucha Moscou en 1830 et atteignit la France au début de 1832. Ce fléau balaya toutes les prévisions : les médecins appuyés encore pour la plupart sur la pensée hippocratique estimaient que, pour des raisons de constitution organique du Royaume (climat, géopolitique, hygiène publique), l’épidémie ne pouvait toucher la France. L’épidémie fit au contraire de très nombreuses victimes à Paris et en province et révéla les dimensions historiques et sociales de la maladie. Les enquêtes épidémiologiques et l’étude des populations révélèrent les liens entre mortalité, densité de population, misère ouvrière et localisation des centres industriels et des manufactures. La dimension sociale de la maladie fut également accusée par les paniques dues aux rumeurs d’empoisonnement que relayaient les ouvriers. Pour ces derniers le fléau était perçu comme l’instrument d’un règlement de compte social et politique dont usaient les gouvernants pour se débarrasser des vrais vainqueurs de Juillet. L’épidémie de choléra de 1832 aboutit à de profonds bouleversements dans les domaines de l’hygiène publique, de l’organisation des hôpitaux et de la pensée médicale. Voir ici F. Delaporte, « Choléra » in : D. Lecourt (dir.), Dictionnaire de la pensée médicale, Paris, Puf, 2004, p. 243-249. Egalement, J. Léonard, La médecine entre les savoirs et les pouvoirs, Paris, Aubier, 1981.

Notes (NOUVELLES DIVERSES.)
1 Le Comte Antoine-Maurice d’Argout (1782-1858). Personnage majeur du pouvoir orléaniste il fut successivement sur la seule période 1830-1835 ministre de la marine (ministère Laffite), ministre du commerce et des travaux publics (ministère Périer et ministère Soult) ministre de l’intérieur et des cultes (ministère Soult). A partir d’avril 1834 et pour presque deux ans, il sera gouverneur de la Banque de France.
2 Le Comte Pierre-Marie Bondy (1766-1847) avait été préfet de Lyon sous l’Empire (1810-1814). Dans l’opposition sous la Restauration il sera en particulier député de l’Indre. Après les journées de Juillet il est nommé à la préfecture de la Seine en remplacement d’Odilon Barrot avant peu après d’entrer à la Chambre des Pairs (novembre 1831). A. Robert et G. Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, ouv. cit., volume 1, p. 81 et p. 381.

 

 

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