L'Echo de la Fabrique : 15 avril 1832 - Numéro 25Dans sa séance du 26 mars, la Chambre des députés s’est occupée d’une question d’un haut intérêt pour la fabrique de Lyon1; mais l’objet dont il s’agissait et la délibération qui s’en est suivie, ont été rapportés d’une manière tellement incomplète par les journaux, que, sans doute, ils n’ont point été compris, ou bien sont restés inaperçus dans cette ville. Cependant par l’importance dont ils étaient pour elle, ils méritaient d’attirer son attention. Il est donc utile de les lui signaler en suppléant au laconisme obscur des journaux. Le gouvernement s’était décidé à supprimer dans la loi des douanes le droit perçu à l’entrée des soies qui nous viennent du Piémont et de l’Italie. Mais la commission chargée de l’examen de la loi, adoptant le résultat de cette disposition, a cru devoir, et avec raison, en changer la forme ; elle l’a donc remplacée par la conversion du produit du droit en une prime qui serait payée à la sortie des tissus de soie unis. Cette prime, d’après les bases sur lesquelles elle est réglée, se trouverait portée à 1 3/4 pour cent. Assurément une aussi faible protection serait bien insuffisante, pour rendre à notre industrie son ancienne prospérité. Toutefois, elle serait une amélioration, et mériterait à ce titre d’être appuyée par nos députés. C’était pour eux une belle occasion de servir le pays auquel ils doivent leur haute mission. Un débat s’étant élevé dans la chambre sur l’ordre de discussion de la loi qui nous promettait cette amélioration ; d’une part, on proposait de le placer entre les deux budgets ; et de l’autre, on le renvoyait après le vote de ces deux lois. Cette dernière proposition a prévalu contre nous. Ainsi le temps manquera pour élaborer la loi dans la session actuelle, dont la longueur a déjà fatigué la Chambre. Son vote n’est donc réellement qu’un ordre du jour déguisé. Et cette ombre de justice qu’un journal ministériel nous montrait en perspective ne nous aura apparu un instant que comme un vain leurre. Peut-on s’empêcher ici de considérer combien ses fatales discordes ont fait perdre à la seconde ville de France de l’influence morale dont elle jouissait naguère. Qu’ont fait cependant nos députés lors de ce débat ? Un seul, M. Dugas-Montbel2, a trouvé trois ou quatre froides paroles pour la défense du premier intérêt de ses concitoyens et de ses commettans. Les autres se sont [7.2]tus, et non pas même appuyé d’un geste le député étranger à cette citéi3, qui seul a parlé pour elle avec chaleur ! qu’il nous permette ce député, vraiment digne de ses hautes fonctions, de lui présenter ici le témoignage de notre reconnaissance pour ses généreux efforts. Nous le lui devons d’autant plus que, mu seulement par le sentiment que lui inspirait notre belle industrie, et son importance pour la France, ce n’est point à nous qu’il avait l’obligation de son mandat, qu’il devait l’honneur de siéger à la Chambre, ainsi que la noble mission de veiller, de coopérer aux destinées de la patrie. Notes de base de page numériques:1 L’auteur de ce texte est 2 3 Notes de fin littérales: |