L'Echo de la Fabrique : 15 avril 1832 - Numéro 25

VARIÉTÉS.1

des charivaris.

Fin. (Voir notre N° 23.)

Dans le dernier article, j’ai fait entrevoir la probabilité de l’acquittement des cinq prévenus du charivari-Talleyrand. J’étais fondé à l’espérer d’après la brillante plaidoirie de M. Leducq, leur avocat. Le contraire est arrivé, et ils ont été condamnés, savoir : Letierce aînéé à deux jours de prison et douze fr. d’amende, et les quatre autres accusés à onze fr. d’amende chacun. Il y a appel de la sentence du juge de paix ; sera-t-elle réformée ? c’est douteux. Le charivari a des ennemis puissans, il est d’origine prolétairei. Dans l’état, il se trouve défendu, mais seulement sous des peines légères, car il est justiciable en premier ressort de la police municipale qui ne peut appliquer à ses auteurs qu’un emprisonnement de cinq jours au plus, et une amende de onze à quinze francs, aux termes des art. 479 et 480 du Code pénal.

Maintenant qu’il me soit permis d’émettre une réflexion douloureuse qui surgit en moi. Les citoyens d’Arras ni plus ni moins coupables que ceux de Grenoble, en ont été quittes pour une peine en quelque sorte insignifiante, et à Grenoble… O justice distributive !... Je m’arrête. Trop de pensées pénibles viennent m’assaillir. Le cadre de ce journal ne les comporterait peut-être pas.

Marius Ch......g

Notes de base de page numériques:

1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

Notes de fin littérales:

i Malgré la prétention du Courrier de LyonCourrier de Lyon, de nous renvoyer à nos navettes, nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur communiquant les recherches suivantes qui sont extraites du grand dictionnaire universel dit de Trévouxgrand dictionnaire universel dit de Trévoux. Charivari, s. m. Bruit confus que font des gens du peuple avec des poêles, des bassins et des chaudrons, pour faire injure à quelqu’un. Nocturnœ vociferationes et vasorum anchorum pulsationes. On fait les charivaris en dérision des gens d’un âge fort inégal qui se marient. On les faisait aussi à ceux qui passaient à de secondes et à de troisièmes noces. Ces tumultes furent défendus par le concile de Tours, sous peine d’excommunication. Charivari fâcheux, chagrinant, ennuyeux, plaisant, divertissant. Voyez ThiersThiers, Traité des jeuxTraité des jeux.
NicodNicod dérive ce mot du grec, qui signifie pesanteur de tête provenant de trop boire, ou d’entendre trop de bruit, ou d’autre cause ; BorelBorel, du verbe grec, c’est-à-dire je romps la tête. Du CangeDu Cange le dérive de cari cari, qui est un cri que font les Picards de BoulogneBoulogne ou de CalaisCalais, pour soulever le peuple contre les injustes exactions qu’on veut faire sur eux ; et comme le bruit est grand et tumultueux, et que les Picards prononcent ca ce qu’ailleurs on prononce cha, on a appelé charivari le grand bruit que faisaient des masques ou des personnes déguisées, pour faire insulte à quelqu’un.
ScaligerScaliger le dérive de chalybarium, à cause que ce bruit se fait en frappant des vaisseaux d’airain. Voyez EveillonEveillon, Traité des excommunicationsTraité des excommunications ; voyez encore les arrêts rapportés par Guy BassetGuy Basset, titre des injures 6, l. 10. Le père Lobineaupère Lobineau dit charivari ou chevalet, apparemment qu’on dit indifféremment l’un et l’autre en BretagneBretagne. Histoire de BretagneHistoire de Bretagne, t. 1, l. xxii, p. 847.
Charivari se dit aussi d’un bruit confus fait en débauche, ou dans des querelles domestiques.
Charivari se dit aussi ironiquement d’une mauvaise musique, Insulsa musica. Ce musicien a fait un concert qui était plutôt un charivari.

 

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