L'Echo de la Fabrique : 13 mai 1832 - Numéro 29

LYON.1

[1.1]M. Falconnet a quitté la direction de l?Echo de la Fabrique. Nommé aux fonctions de prud?homme, il a cru devoir se retirer, plutôt que d?être accusé de cumul et de manquer de cette indépendance qui est l?ame de toute feuille consacrée aux intérêts populaires.

Aucun autre changement n?a eu lieu dans le personnel de l?administration ; seulement une mutation s?est opérée, et le rédacteur en chef a passé à la direction. Ainsi, l?Echo de la Fabrique sera rédigé dans le même sens qu?il l?a été jusqu?à ce jour. Il défendra avec zèle et persévérance les intérêts des industriels, et veillera comme une vigie, toujours prêt à signaler les méfaits dont se rendront coupables quelques hommes cupides.

Fier de sa mission, et attaché par sympathie à la classe prolétaire, au sein de laquelle il s?honore d?être né, le nouveau gérant ne déviera point de la route qu?il s?était tracée comme rédacteur. Il défendra le faible contre le fort, le pauvre contre la tyrannie de quelques égoïstes : mais il se réserve aussi de rendre justice à ces c?urs généreux qui ne spéculent point sur la faim des ouvriers, et se fera gloire de publier les actes des hommes mus par des sentimens philantropiques. Sa mission est d?être juste, et la justice, l?humanité veulent que chacun puisse vivre du fruit de son travail : ainsi, extirper les abus qui écrasent les ouvriers en soie de Lyon, marquer des stigmates de la réprobation, celui qui veut se gorger de biens aux dépens de l?artisan, enfin rendre justice à l?honnête homme, voilà les devoirs qu?il s?est imposés ; ni la crainte, ni les considérations ne les lui feront jamais oublier. Peu flatteur par caractère, il dira toute sa pensé avec cette franchise, cette sévérité qui convient à l?écrivain qui se respecte, et croira se montrer ami de la paix, en défendant, sans distinguer les professions, tous les artisans ; [1.2]car selon lui, cette classe est au moins une des plus essentielles dans l?ordre social.

Le nouveau gérant s?estimera heureux, si, par la publication de cette feuille, et par ses travaux, il parvient à acquitter une dette sacrée envers les hommes du peuple, envers les artisans lyonnais ; ces hommes généreux lui tendirent une main amie, lorsqu?il fut forcé d?abandonner son pays natal, poursuivi par les réactionnaires de 1815 comme patriote, comme partisan du drapeau qui flotte aujourd?hui et que son père avait porté en Egypte ! il trouva dans cette cité de nouveaux amis, ou pour mieux dire une nouvelle famille. Il promit de consacrer sa plume à la défense de ceux qui lui firent oublier les peines de l?exil, et sa tâche sera facile à remplir, car l?artisan ne veut que ce qui est juste, raisonnable, ce que tout citoyen a le droit d?exiger de la société, de vivre du fruit de ses travaux, et de ne point être abreuvé d?humiliations comme l?ilote ou le serf moscovite.

Le nouveau gérant de l?Echo de la fabrique appellera de toutes ses forces des améliorations en faveur des masses industrielles. Il ne fera point de concessions avec l?égoïsme et la perversité ; et fier de la mission qu?il aura à remplir, il réclamera d?une voix ferme l?action gouvernementale en faveur de ces industriels qui font la force, la grandeur et la gloire de la patrie.

A. VIDAL, Gérant.

Notes de base de page numériques:

1 L?auteur de ce texte est Antoine Vidal d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

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